Résumé de la 95e partie n Dépêché de Paris par sa revue, Delanne assiste à une séance au cours de laquelle Carmen fait apparaître son fantôme, Bien-Boâ. Le «fantôme» s'approche de Carmen, à moitié cachée par l'obscurité et se penche vers elle comme pour l'embrasser. L'apparition dure quelques minutes, puis elle disparaît. Carmen se relève. Delanne est impressionné, mais il réserve son jugement. Il lui faut assister à d'autres séances avant de se prononcer. Et en attendant, il n'écarte pas, comme il l'écrira plus tard, la fraude. Il signalera qu'il a surpris, à deux reprises, Arezki, le cocher algérien des Noël, dans des attitudes pour le moins équivoques. La première fois, il frappait contre la paroi du cabinet des matérialisations, jouant aux esprits frappeurs, la seconde fois, il essayait de cacher une étoffe. Delanne ignore s'il a agi de son propre chef pour faire plaisir à sa maîtresse qui tenait à voir apparaître ses fantômes ou s'il a agi sur ordre de ses maîtres. Quoi qu'il en soit, il en parle au général Noël qui va interdire à son cocher d'assister aux séances. Dans l'ensemble, Delanne va déclarer que les séances auxquelles il a assisté ne comportaient pas de fraude et qu'il croyait à la réalité des fantômes des Noël, mais la preuve de l'existence de ces fantômes, c'est un autre homme qui va l'apporter, et quel homme : Charles Richet, un savant de renom ! Charles Richet, à cette époque, a 55 ans. Il n'obtiendra le prix Nobel de médecine qu'en 1913, mais c'est déjà un savant reconnu. Médecin, il est également physiologiste, psychologue, sociologue, historien, poète, pionnier de l'aviation… Agrégé de physiologie et docteur es sciences, il occupe, en 1878, la chaire de physiologie à la faculté de médecine de Paris. Et les découvertes vont se succéder : loi de Richet-Rubner montrant que la production de la chaleur chez l'animal est proportionnelle à la surface et non au volume de son corps, polypnée clinique, propriétés anesthésiques du chloralose, sérothérapie, etc. C'est lui qui, le 6 décembre 1890, fait, à l'hôtel Dieu de Paris, la première injection de sérum au monde. En 1902, il découvre avec Paul Portier, l'anaphylaxie, qui aura de grandes répercussions sur la médecine et qui lui vaudra le Prix Nobel. Il a déjà publié plusieurs ouvrages scientifiques dont certains sont déjà des classiques. En outre, depuis 1895, il dirige le Dictionnaire de physiologie et il est le directeur de la Revue scientifique. Il a été élu en 1898 à l'Académie de médecine et il préside la société de biologie. Il est passionné par l'aviation naissante et en 1890, il a construit, avec Tatin, un aéroplane qui va procéder à quatre vols. Mais ce savant s'intéresse aussi à l'occultisme et aux phénomènes paranormaux qu'il va désigner sous le nom de métapsychique, discipline à laquelle il veut donner un statut scientifique. Richet ne sépare pas la métapsychique de la biologie : celle-ci, selon lui, ne doit pas s'arrêter à la vie végétative, mais englober tout les aspects du corps et de la pensée. Il faut, ne cesse-t-il de répéter, regarder l'homme dans toutes ses manifestations, aussi bien les normales que les anormales. C'est ainsi qu'il s'est intéressé aux grands médiums de son époque et en a étudié certains, n'hésitant pas à effectuer de longs déplacements pour les observer. C'est ainsi qu'il s'est rendu en Saxe, à Rome, en Suède, à Milan. Il a entendu parler des phénomènes de la villa Carmen d'Alger et, en 1902, un officier qui a assisté aux expériences d'Alger, lui en a fait un compte rendu qui l'a fortement impressionné. (à suivre...)