Résumé de la 95e partie n Carmen relate ses expériences dans un journal spirite. Ses articles passionnent un public, féru d'esprits et d'apparitions fantomatiques. Cependant, au fil des articles et des comptes-rendus de séances, le doute s'installe dans les esprits, y compris parmi les adeptes du spiritisme. Carmen n'est-elle pas victime d'hallucinations, dues à la morphine ? Ou est-elle abusée par de pseudo-médiums qui, pour lui plaire et satisfaire sa manie des fantômes, procèdent à des trucages ? A moins qu'elle ne truque elle-même les séances ! Des lettres critiques arrivent à la direction du journal. Le directeur Delanne finit par en parler, dans une lettre, au général Noël. «Les détracteurs du spiritisme mettent en doute les apparitions. Et même parmi nos adeptes, certains pensent qu'il n'est pas impossible qu'on ait procédé à des trucages. Nous devons réagir de façon rigoureuse pour mettre fin à ces accusations, en apportant des preuves, autrement il y va de la crédibilité de notre revue et du spiritisme !» Le général Noël lui répond aussitôt : «Pourquoi ne venez-vous pas à Alger assister à nos séances ? vous vous rendrez, vous-même compte des conditions dans lesquelles s'effectue l'expérimentation et vous vous porterez garant de l'authenticité des phénomènes observés !» Delanne trouve l'idée bonne et décide de faire le voyage. Aussitôt arrivé à Alger, Delanne se rend à la villa Carmen. Il est impressionné par la femme du général qui lui paraît une femme d'une grande sensibilité et surtout d'une grande intelligence. Elle est également courageuse car, en dépit de la maladie qui la ronge et qu'elle ne calme qu'à coups de morphine, elle se met à sa disposition pour lui parler de ses fantômes, Bien-Boâ et sa sœur. Elle lui a promis de lui apporter les preuves qu'il est venu chercher. Pour la première séance, Delanne lui fait comprendre qu'il doit prendre des précautions. — vous n'avez pas confiance en moi ? demande-t-elle. — bien sûr que j'ai confiance, mais je dois rendre des comptes à mes lecteurs ! — quelles garanties voulez-vous ? — Je dois vérifier la salle où doit avoir lieu la matérialisation. Il inspecte minutieusement la salle, vérifie la table, regarde derrière les rideaux. Il demande aussi à voir les issues, le plancher pour s'assurer qu'il n'y a pas de trappes ni d'ouvertures cachées. — Parfait, dit-il. La séance peut donc commencer. Carmen a fait venir ses deux médiums préférés, Aïcha, la domestique Marthe Béraud, la fiancée de son fils. Les participants sont des amis auxquels s'est joint Delanne. Ils ont pris place autour de la grande table et se tiennent la main. Ils ne doivent ni parler ni quitter leur place. On a éteint les lumières, à l'exception d'une bougie placée dans une lanterne coloriée de rouge. Carmen se met en face des deux médiums derrière lesquels se trouve le rideau qui voile le cabinet des matérialisations et commence à les magnétiser en les fixant des yeux. De longues minutes passent dans le silence le plus absolu, puis Carmen gémit : — Bien-Boâ. Delanne voit le rideau bouger puis une forme humaine apparaître. C'est le fantôme. (à suivre...)