Trafic n Un responsable onusien a alerté, hier, le Conseil de sécurité sur l'utilisation des revenus du trafic de drogue par les terroristes dans le Sahel africain pour financer leurs opérations. «Nous avons acquis des preuves que deux flux de drogues illicites - l'héroïne dans l'est de l'Afrique et la cocaïne dans l'ouest - se rejoignent désormais dans le Sahara, empruntant de nouveaux itinéraires à travers le Tchad, le Niger et le Mali», a déclaré le directeur du Bureau des Nations unies sur la drogue et le crime (Unodc) basé à Vienne. «Des répercussions dans les pays voisins, au Maghreb par exemple, sont inévitables», a-t-il averti. «Les drogues n'enrichissent pas seulement le crime organisé», a poursuivi M. Costa. «Les terroristes et les forces anti-gouvernementales dans le Sahel puisent des ressources du trafic de drogue pour financer leurs opérations, acheter des équipements et payer leurs troupes» . Ce trafic, a-t-il souligné, est également en train de prendre une dimension nouvelle. Alors qu'auparavant le transport de la drogue à travers le Sahara se faisait par caravanes, aujourd'hui le trafic est de taille supérieure, plus rapide et plus perfectionné, comme l'attestent les débris d'un Boeing-727 trouvés le 2 novembre dans la région de Gao au Mali, une zone affectée par la rébellion et le terrorisme. Cet avion, parti du Venezuela, avait atterri sur une piste artisanale près de Gao où il avait déchargé de la cocaïne et d'autres produits illicites, avant de s'écraser au décollage le 5 novembre. Depuis cinq ans, les cartels de la drogue d'Amérique latine utilisent de plus en plus l'Afrique comme plaque tournante de leur trafic de cocaïne vers l'Europe. Outre la Guinée-Bissau, que l'Onudc qualifiait en 2008 de point clé d'entrée de cette cocaïne en Afrique, la récente découverte de sept laboratoires en Guinée (Conakry) «est une preuve supplémentaire que l'Afrique de l'Ouest est aussi en train de devenir productrice de drogues synthétiques et de cocaïne de synthèse», a encore dit M. Costa. De l'autre côté du continent, entre 30 et 35 tonnes d'héroïne afghane entrent chaque année en Afrique de l'Est, provoquant une hausse de la toxicomanie et contribuant à répandre le sida. L'un des facteurs facilitant ce phénomène est la situation dramatique en Somalie. De ce fait, la région est en train de devenir une zone économique franche pour toutes sortes de trafics : drogue, migrants, armes, déchets toxiques et ressources naturelles. M. Costa s'adressait au Conseil de sécurité dans le cadre d'un débat sur le trafic de drogue en Afrique, organisé à l'initiative du Burkina Faso, qui préside le Conseil ce mois-ci. Le Conseil a adopté une déclaration non contraignante dans laquelle il souligne que «dans certains cas, le lien de plus en plus étroit entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme constitue une source de préoccupation croissante. Il importe d'intensifier la coopération transrégionale et internationale afin de lutter contre le problème de la drogue dans le monde et les activités criminelles connexes».