Patrimoine n Une étude pour la réhabilitation de la mosquée et de la zaouïa de Sidi Yakoub est en passe d'être élaborée, en vue de la préservation de ces lieux plusieurs fois séculaires. Cette réhabilitation vient d'être «instamment» demandée par la direction de la culture de la wilaya pour son inscription au titre du programme 2010-2014. Situé à une dizaine de kilomètres de l'embouchure de l'oued Tafna, le village de Sidi Yakoub reste attaché à la petite mosquée qui l'a vu naître en 1338. Proposée en 2005 parmi les trois sites à classer dans la wilaya, ce lieu de culte porte le nom de cet érudit qui voulait fonder sur place une école coranique. Cette mosquée fut construite en 759 de l'hégire selon une architecture puisant ses origines des constructions andalouses et maghrébines, de forme carrée avec une toiture à trois rangées parallèles, soutenue par des arcades et de gros piliers. Le plafond est réalisé en bois sculpté semblable aux ouvrages mérinide et zianide. Selon l'association locale de la zaouïa qui s'est attachée à préserver ce joyau culturel, la mosquée a été construite avec du bois ramené d'Espagne. Elle conserve précieusement les pièces archéologiques retrouvées dans la région comme des boulets, des obus de canons... La zaouïa de Sidi Yakoub a joué un rôle important dans la défense de l'intégrité du territoire national. Outre l'incursion portugaise repoussée en 1503, la région de Sidi Yakoub a été le haut lieu d'une bataille héroïque qui s'est déroulée en 1836 sous les ordres de l'Emir Abdelkader et son commandant Bouhmidi. En 1957, pendant la Guerre de Libération nationale, la mosquée a servi de refuge aux moudjahidine de l'Armée de libération nationale (ALN). Elle a été la cible de bombardements de l'aviation et des blindés qui ont fait plusieurs victimes, dont 13 chouhada de la famille Sidi Yakoub. Sidi Yakoub Ibn El-Hadj El Tlemçani contribua grandement à l'enseignement du Coran. De nombreux habitants de Oulhaça et autres localités de la wilaya ont puisé leurs connaissances auprès de cet érudit. L'Emir Abdelkader et son bras droit Bouhmidi El-Oulhaci ou encore Cheikh El-Bouabdelli de Bethioua ont suivi, sur place, des études coraniques. Des oulémas et imams ont transité, également, par cette zaouïa, tels que le maître et jurisconsulte Sidi Yakoub Missoum de la grande mosquée de Tlemcen (1930-1950), ainsi que d'autres grands imams de la région. Sidi Yakoub, en homme juste et très respecté, devint jurisconsulte. A sa mort en 1410, à l'âge de 127 ans, son fils Sidi-Ali, son petit-fils Sidi-Berramdane El-Khalifa et d'autres encore poursuivirent son œuvre. Et c'est avec la contribution des habitants que la mosquée a été partiellement rénovée. L'ancienne école coranique reçoit toujours des dizaines d'élèves et la zaouïa projette la construction d'une nouvelle école coranique avec un régime d'internat. Les passagers, reçus avec l'hospitalité ancestrale, ne manquent pas de visiter ces lieux chargés d'histoire qui font partie des sites patrimoniaux à restaurer.