Résumé de la 1re partie n Hormis deux passagers – John et Kenneth – qui veulent rejoindre la côte à la nage, tous les autres ont quitté le «Maine» qui est en train de couler... John hausse les épaules. — Tu iras sans te presser. Allez ! Je vais me chercher un sac de toile pour mettre mes frusques et le pognon... John revient dans la cabine. Kenneth le rejoint et répète anxieusement : — John, je n'y arriverai pas, je te dis... — Son compagnon, occupé à déposer des liasses de dollars dans un sac marin, lui dit sans se retourner : — Eh bien, reste sur ce rafiot ! Quand il coulera, tu verras bien... Kenneth parle avec précipitation — Ne me laisse pas tomber, John... Tu ne peux pas me faire ça ! John ne répond pas. Il retire ses vêtements et les plie soigneusement dans le sac de toile. Il le met sur ses épaules et revient sur le pont. La mer a encore monté. Il lui suffit d'enjamber le bastingage pour se mettre à l'eau. Kenneth pousse un cri : — John ! John attache le sac à sa ceinture à l'aide d'une corde : — De quoi tu te plains ? Je t'ai laissé ta part. Maintenant, c'est chacun pour soi. Kenneth tente de retenir son compagnon : — Je t'ai toujours dit que le coup était trop risqué... Et puis c'est toi qui as tué le garde, c'est pas moi ! John se dégage brutalement : — On a tiré tous les deux, tu le sais bien. Allez, salut ! John se laisse glisser dans l'eau tiède... Tandis qu'il le voit s'éloigner de son crawl puissant et régulier, Kenneth sent monter en lui une rage impuissante. Et, avant même de réfléchir à la situation, une idée le traverse. Comme un fou, il revient vers la cabine et soulève fébrilement son matelas : — Le fric ! Il me l'a piqué ! Je suis sûr qu'il me l'a piqué ! Non, il sent sous ses doigts le toucher caractéristique du papier-monnaie et il empoigne les liasses de billets verts. 30 000 dollars... Kenneth enferme l'argent dans une boîte en fer-blanc qu'il trouve dans la cabine et revient sur le pont. Il n'a rien à reprocher à John... Chacun pour soi, telle est la loi du milieu après tout. John a été parfaitement régulier. Il n'a plus qu'à lui souhaiter bonne chance... La Manhattan Bank était le premier coup qu'ils faisaient ensemble, John et lui. Si les choses ont mal tourné, ce n'est pas la faute de John ni la sienne. C'est celle de Dixie qui montait la garde pendant qu'ils ouvraient le coffre. Il n'a pas vu le gardien de la banque s'approcher derrière eux. Une chance que John se soit retourné à ce moment-là... Ils ont eu le même réflexe : ils ont tiré ensemble sur le gardien. Lequel des deux l'a eu ? Allez savoir. De toute façon, s'ils se font prendre c'est la chaise électrique pour tous les deux... John et lui ont entassé les billets à toute allure dans leurs sacs, mais Dixie a craqué. Il s'est enfui en lâchant son arme et a immédiatement été arrêté. Eux ont réussi à revenir à la voiture avec l'argent et à s'enfuir. Heureusement que le «Maine» était en partance sur le port. Mais maintenant, Dixie a sûrement parlé et leur signalement doit être diffusé dans tous les Etats-Unis... Kenneth émerge brusquement de ses souvenirs. Il constate, surpris, que depuis que John a plongé, le niveau de la mer n'a pas bougé. L'eau arrive toujours approximativement à la hauteur du pont. Le navire doit reposer en équilibre sur les récifs. Pour l'instant, tout danger immédiat est écarté. Kenneth réfléchit. Il doit être aux environs de midi. Cela fait une heure que le naufrage a eu lieu. (à suivre...)