C'est à la fin du XIVe siècle que le tabac est découvert, en même temps que l'Amérique. Il se répand aussitôt en Espagne, au Portugal, puis dans le reste de l'Europe. Si aujourd'hui, le tabac est l'objet de toutes les hostilités (on l'accuse de provoquer de nombreuses maladies, dont le cancer), il a été longtemps considéré comme une plante aux grandes vertus médicinales. D'ailleurs, on le réservait aux fumigations et les médecins le prescrivaient notamment pour combattre les maladies infectieuses. Les médecins eux-mêmes, quand ils revenaient d'une tournée fumaient plusieurs pipes ou s'exposaient aux fumées du tabac, pour éviter la contamination. On dispose, à ce titre, du témoignage d'un médecin hollandais, Isbrand de Diemerbrook, qui écrit : «Lorsque je me sentais le moins du monde incommodé de la puanteur des malades ou des maisons infectées, je quittais toutes mes affaires, quelque importantes qu'elles fussent et à quelque heure du jour que ce fût, pour tirer la fumée de deux ou trois pipes de tabac ; car à vrai dire, j'ai toujours regardé cette plante comme le meilleur préservatif contre la peste. C'est pourquoi, me tenant à cet antidote, je ne me servais d'aucun autre parfum, ni de tout ce qu'on se met dans la bouche en ces cas-là ; aussi, tant que la peste dura, je consumai une bonne quantité de cette excellente herbe.» Quant à Montaigne, il écrit dans ses Essais : «Les médecins pourraient, je crois, tirer des odeurs (du tabac) plus d'usage qu'ils ne le font ; car j'ai souvent aperçu qu'elles me chargent et agissent en mes esprits selon ce qu'elles sont.»