Réclamations n Pour se faire une idée, même approximative, de la nature des liens que les nationaux entretiennent avec les structures publiques de service les plus souvent sollicitées, (agences Cnas, services postaux, Sonelgaz…), il faut consulter les livrets de réclamations désignés comme des «livrets de doléances» ou de «suggestions». Ils sont on ne peut plus révélateurs de la façon dont certains citoyens perçoivent les organismes censés être à leur écoute et dont les agents feignent souvent d'ignorer qu'ils sont rétribués grâce aux deniers de la collectivité nationale. Le plus souvent c'est le mauvais accueil des préposés qui est mis en avant. Un usager de la recette postale de Bab El-Oued déclare ainsi être déçu «que l'on soit obligé de prendre un ticket pour se faire servir.» «Cette décision, écrit-il, a fichu la pagaille. Pour l'envoi d'une lettre ou le paiement d'un mandat, c'est l'anarchie totale.» Au niveau de l'agence commerciale d'Algérie Poste dans ce même quartier, un abonné au téléphone estime «regrettable d'arriver à 16h 20 et de ne trouver personne pour régler son problème». «Les guichets des agences d'Algérie Télécom ferment habituellement à 18 heures, (ndlr).» Un autre abonné s'insurge : «Il est honteux d'attendre 3 heures pour payer une facture d'Adsl. Rien ne vous empêche d'ouvrir une autre antenne.» «Il est malhonnête de ne pas déduire des factures de téléphone les journées durant lesquelles celui-ci est en panne», renchérit un autre abonné qui considère que «la notion de service est étrangère aux algériens». Un assuré social de l'agence Cnas de Bab El-Oued propose d'améliorer la qualité de service en choisissant «des médecins éduqués». Et d'ajouter : «Tous les assurés sociaux ne son pas des escrocs.» Sur le livret de cette même agence, il est aussi mentionné qu'une dame âgée de 82 ans attend ses frais de remboursement par mandat depuis plus de trois mois. Un abonné de la Sonelgaz auprès de l'agence de la Casbah réagit avec virulence aux mauvaises conditions d'accueil dont il a été l'objet, écrit-il, de la part des agents : «grande entreprise, petits cerveaux.» Un second dénonce l'«incompétence des responsables» et sa difficulté à trouver face à lui des «interlocuteurs fiables pour répondre aux questions». Un autre encore dénonce le «manque de sérieux flagrant d'agents.» «Ne nous prenez pas, déclare-t-il, pour ce que nous ne sommes pas. Des fils électriques sont tombés à terre depuis plusieurs jours et personne n'est venu les réparer». «Nous sommes arnaqués», observe un autre client de Sonelgaz. Et d'expliquer : «alors que les primes ne sont pas soumises à la TVA comme indiqué au verso des factures, nous avons constaté que nous payons 7% de TVA sur chaque facture.» Un assuré de l'agence Cnas située à proximité de la place Port-Saïd moins loquace dénonce, pour sa part, une «organisation inopérante, un travail au ralenti et trop de parasites».