Déficiences n «L'administration est au service du citoyen.» Combien de fois des hauts fonctionnaires de l'Etat ont eu à ressasser cette affirmation qui, au fil des années, est devenue une sorte de slogan sans consistance. S'il est vrai qu'à un niveau élevé des institutions de la République, l'on ait, à un moment, décidé d'améliorer les relations entre les organismes publics et leurs administrés, on ne peut dire objectivement que les choses ont fondamentalement évolué depuis. Pour détendre ces relations, l'on a pensé, au niveau des ministères, des agences Cnas et jusque dans les commissariats, à aménager des salles de réception plus accueillantes pour le public. Des chaises y ont été installées et les lieux ont été agrémentés de plantes vertes, mais pour autant, la mine renfrognée et le regard fermé ou inquisiteur qu'arborent souvent les préposés, n'ont pas changé par rapport aux visiteurs. A travers les nombreuses situations qu'il est loisible d'observer quotidiennement, dans les mairies, les agences postales ou bien celles du paiement des redevances d'eau ou de gaz et d'électricité, on découvre que la notion de service public est une donnée qui est rudement mise à mal quand elle n'est pas tout simplement ignorée, ce qui a contribué à entretenir des relations crispées entre le citoyen et les services publics censés être à son service. Que l'on vienne solliciter la délivrance d'un quelconque document, demander le dépannage d'un téléphone ou bien payer ses factures d'électricité, on a la nette impression que l'on vient demander l'aumône quand on s'aperçoit que l'agent auquel on s'adresse, entend faire savoir qu'il est là pour «rendre service» et non pour s'acquitter du service sollicité, ce qui représente une sacrée différence. Ce sont là des comportements qui sont comme une sorte de seconde nature, ou tout sentiment de courtoisie est exclu, une situation que l'on retrouve aussi au niveau des prestataires privés dont les transports d'usagers sont parmi les exemples les plus significatifs. Se voir prié de revenir au prétexte que «ce n'est pas un jour de réception du public», ou bien parce que le document réclamé n'est pas encore prêt, sont quelques-unes des mauvaises surprises que l'on peut avoir même si pour cela on a été contraint de faire un déplacement de plusieurs centaines de kilomètres. Ce qui est encore plus étonnant, lorsqu'on se rend dans un quelconque organisme, c'est de découvrir parfois et à sa grande surprise, que certains préposés ne sont pas encore arrivés pour occuper leur poste de travail, ou bien alors de s'entendre dire qu'il faudra revenir parce que l'agent chargé de gérer un service déterminé est «en congé de maladie», à croire qu'il est irremplaçable. «Il faut revenir», «il faut revenir», c'est une sorte de litanie que prononcent souvent des agents censés être à votre écoute et régler vos problèmes d'administrés. Et qu'importent alors votre lassitude et vos désagréments, des situations dont personne ne semble s'émouvoir outre mesure.