Certains saints sont anonymes et ne sont connus que par des surnoms. Ainsi, à Alger, à l'époque précoloniale, un saint appelé Sidi Sahab-Ettriq, (monseigneur maître de la route), dont le mausolée a été détruit dès les temps de la conquête française. Il faut supposer que ce saint était le patron des voyageurs et des étrangers qui arrivaient dans la ville. Ces derniers devaient invoquer sa protection. Toujours à Alger, on ignore le véritable nom de Sidi Bougdour, pourtant un saint autrefois populaire : Bougdour, qui signifie «l'homme aux marmites», lui vient d'un miracle que la tradition lui attribuait. L'armée espagnole menaçant Alger, le saint est descendu sur le quai. Ayant remarqué un chargement de marmites en terre, venant de Cherchell, il s'empare d'une marmite et la brise. Il le fait avec d'autres poteries, ce qui irrite les propriétaires des marchandises. Mais ces derniers changent d'avis, quand ils se rendent compte qu'à chaque marmite brisée, un navire espagnol coule. C'est en souvenir de ce fait miraculeux que l'homme a été appelé Sidi Bougdour. A Tlemcen, la mosquée du quartier d'al-Qor'an était dédiée à une sainte, Lalla-Ghriba, «dame étrange», parce que, après sa mort, son fantôme apparaît aux habitants du quartier.