Le Nigeria, huitième exportateur mondial de pétrole, importe paradoxalement toute son essence et frôle aujourd'hui la panne sèche : les stations-service ne sont pas ou peu livrées depuis des semaines. A Lagos, capitale économique, d'interminables files d'attente se profilent à l'abord des stations-service. Il faut des heures pour faire un plein et la circulation est encore plus chaotique que d'ordinaire. En cause, de récentes interruptions dans les importations d'essence réalisées par les sociétés privées qui assurent environ 60% de l'approvisionnement. Le pays, dont les quatre raffineries ne fonctionnent plus, importe ses produits pétroliers raffinés depuis des années. En octobre 2009, le gouvernement, qui prévoyait d'arrêter de subventionner les prix à la pompe au 1er novembre 2009, a temporairement cessé d'autoriser le secteur privé à importer. Les autorités comptaient sur la compagnie pétrolière nationale NNPC pour assurer l'approvisionnement le temps de mettre en œuvre la libéralisation. La mesure a finalement été reportée sine die et la suspension du secteur privé levée en novembre. Mais cette interruption a provoqué la pénurie. Plusieurs sociétés privées ont récemment décidé d'arrêter d'importer en attendant que les autorités, qui leur rembourse normalement sous 45 jours la différence entre le prix réel à l'importation et celui à la pompe, leur verse des arriérés. Et cette situation de pénurie et d'incertitude pourrait durer.