Les cours du pétrole poursuivaient hier leur rebond sur des craintes de nouvelles perturbations de l'offre en provenance du Nigeria et sur des anticipations de baisse des stocks pétroliers aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir. Vers 11H00 GMT, sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord s'échangeait à 96,04 dollars, en hausse de 48 cents. A la même heure, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en février s'échangeait à 97,02 dollars, en hausse de 69 cents. "Le marché a reporté son attention sur les facteurs de hausse tels que le problème nigérian et la baisse des stocks, au moins à court terme", expliquait Yusuke Seta chez Fimat Japan. "Mais il me semble que le rebond sera limité par les préoccupations de plus en plus vives concernant la faiblesse de l'économie américaine à moyen terme", a-t-il ajouté. Au Nigeria, le marché s'inquiète des rumeurs faisant état d'attaques en préparation. "Les services de renseignement opérant dans le delta du Niger rapportent que des groupes rebelles se préparent à lancer d'autres attaques contre les installations pétrolières", a affirmé Robert Laughlin, analyste de MF Global. "La probabilité d'un regain de violences ou d'interruption de l'offre porterait un coup fatal à la production mondiale de pétrole. Le Nigeria produit des barils de pétrole "doux" (peu sulfureux), aisé à convertir en essence", a-t-il rappelé. Théâtre de violences récurrentes, le Nigeria a vu sa production quotidienne chuter d'un quart en 2006 et 2007 (à 2,1 M barils par jour selon les dernières estimations) en raison de l'instabilité et du climat de violence entretenu par divers groupes militants dans la zone de production. "Le risque nigérian et le tapage mené par l'administration américaine autour de l'affaire des vedettes iraniennes maintiennent une prime de risque géopolitique" dans les cours du pétrole, a renchéri Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Ce mouvement de hausse des prix avait déjà été amorcé mardi par des spéculations sur une nouvelle baisse des réserves de brut aux Etats-Unis. Le ministère américain à l'Energie (DoE) devait publier hier son rapport hebdomadaire sur le niveau des stocks pétroliers lors de la semaine achevée le 4 janvier. Les 14 analystes interrogés par Reuters anticipaient un recul de 1,3 million de barils des stocks d'or noir à 288,3 millions de barils au titre de la semaine dernière, en raison de perturbations des exportations en provenance du Mexique. Leur huitième baisse hebdomadaire consécutive, selon les analystes. Les réserves de produits distillés (fioul de chauffage, déterminant en hiver) devaient en revanche avoir augmenté de 1 million de barils, de même que celles de l'essence (+1,6 mb). La fonte des réserves pétrolières, coussin de sécurité essentiel pour les pays consommateurs, ne cesse d'inquiéter les observateurs du marché, qui estiment que le rapport entre offre et demande rétrécit comme une peau de chagrin. Le rebond est en outre alimenté par le sentiment que l'Opep ne devrait pas relever sa production lors de sa réunion du 1er février. Un délégué du cartel a en effet déclaré à Reuters que l'organisation n'envisageait pas de modifier sa politique si les cours se maintiennent au niveau actuel. "Si les cours restent à ce niveau, je ne pense pas qu'ils feront quoi que ce soit", a dit ce délégué à Reuters lors d'un entretien téléphonique. "Les ministres attendront le deuxième trimestre, au cours duquel la demande enregistre une baisse saisonnière".