Résumé de la 64e partie n Lamb repère la fenêtre d'où une fille regarde avec des jumelles. Il monte à l'appartement… Je m'appelle Colin Lamb. Et vous ? — Geraldine Mary Alexandra Brown. — Mon Dieu, un nom à courant d'air. Et lequel doit-on choisir ? — Geraldine, quelquefois Gerry, mais je préfère pas. D'ailleurs papa n'aime pas les diminutifs. Un des avantages dans nos rapports avec les enfants, c'est qu'ils ne sont pas conventionnels. N'importe quel adulte m'aurait immédiatement demandé ce que je venais faire. Geraldine, au contraire, s'ennuyant dans sa solitude, était toute prête à bavarder avec moi, sans s'embarrasser de questions inutiles. — Votre papa n'est pas là ? dis-je. Avec toujours la même vivacité et la même passion du détail, elle me répondit : — Cartinghaven Engineering Works, Reaverbridge. A exactement 18, 500 km d'ici. — Et votre maman ? — Maman est morte, m'apprit Geraldine de sa voix enjouée. Quand j'avais deux mois. En revenant de France, son avion s'est écrasé au sol et tout le monde est mort. Elle disait cela avec une espèce de contentement ; et je compris qu'à mourir dans une grande catastrophe, on s'auréole d'une certaine gloire. — Je vois. Donc, vous... Je tournai la tête vers la porte. — C'est Ingrid, une Norvégienne. Elle n'est là que depuis quinze jours. Elle ne sait pas encore assez bien l'anglais pour le parler. C'est moi qui lui donne des leçons. — Et elle vous apprend le norvégien ? — Non, très peu, fit Geraldine. — Vous l'aimez ? — Comme ça. Elle nous fait une si drôle de cuisine ! Vous savez elle adore le poisson cru. — J'en ai mangé en Norvège. C'est parfois bon. Geraldine n'avait pas l'air du tout convaincue. — Aujourd'hui, elle nous confectionne des tartelettes à la mélasse. — Ça me paraît succulent. — Ummm... si j'aime assez ça, ajouta- t-elle gentiment. Vous déjeunez ici ? — Non pas. En fait, je passais sous vos fenêtres, et n'est-ce pas vous qui avez laissé tomber ça ? — Moi ? — Oui, lui dis-je en lui présentant le canif d'argent. Geraldine l'examina d'un air d'abord critique, puis approbateur. — Il est joli. Qu'est-ce que c'est ? — Un couteau pour peler des fruits. — Oh ! je vois. Pour peler des pommes et d'autres choses ? — Oui. — Ce n'est pas à moi, dit-elle avec un gros soupir. C'est pas moi qui l'ai laissé tomber. Qu'est-ce qui vous fait croire ça ? — Parce que vous étiez à votre fenêtre et... — Je suis toujours à ma fenêtre. Voyez, je me suis cassé la jambe, en tombant. — Quelle déveine. — N'est-ce pas ? (à suivre...)