Les funérailles nationales du président guinéen, Lansana Conté, décédé, lundi après 24 ans d'un « règne » très contesté, ont eu lieu hier matin à Conakry. Plusieurs milliers de personnes, vêtues en majorité de blanc, en signe de deuil, se sont massées à l'intérieur et à l'extérieur de la salle des fêtes du Palais, où devait avoir lieu un hommage officiel. Un important dispositif de sécurité a été déployé autour du Palais du peuple, un vaste bâtiment abritant notamment l'Assemblée nationale. Ces funérailles interviennent trois jours après un coup d'Etat militaire sans violence, qui a porté au pouvoir une junte militaire dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, autoproclamé président de la Guinée. L'opposant guinéen, Alpha Condé, a réclamé la mise en place d'un gouvernement provisoire d'union nationale dans son pays et des élections avant fin 2009. « Nous ne voulons pas d'un gouvernement militaire », a déclaré M. Condé dans un entretien, hier, au quotidien français Le Figaro, en référence au coup d'Etat mené par des militaires de l'armée en Guinée. M. Condé a réclamé « la mise en place d'un gouvernement provisoire d'union nationale et l'organisation d'élections libres et transparentes avant fin 2009, de préférence avant mai ». « Nous allons mobiliser le peuple et la société civile pour qu'ils soutiennent notre mot d'ordre en faveur d'élections libres et transparentes », a-t-il poursuivi. Il a précisé qu' « il n'a pas encore eu de contacts avec les putschistes » qui ont pris le pouvoir après le décès du président Lansana Conté, des suites d'une longue maladie. Les putschistes emmenés par le capitaine Moussa Dadis Camara qui s'est autoproclamé président, ont promis des élections fin décembre 2010, soit à la fin prévue du mandat de Lansana Conté. L'Union européenne a appelé, jeudi, à l'organisation d'élections « démocratiques et transparentes au premier semestre 2009 » en Guinée, où des militaires avaient pris le pouvoir après le décès du chef de l'Etat Lansana Conté. « La présidence rappelle l'importance de la tenue dans les délais prévus, au premier semestre 2009, d'élections démocratiques et transparentes qui seules permettront au peuple guinéen d'exprimer librement sa volonté », a précisé la présidence française de l'UE dans une déclaration publiée à Bruxelles. « L'Union demande, à nouveau, à tous les responsables politiques et militaires du pays d'engager, dans les plus brefs délais et dans un esprit de consensus, une transition pacifique, ordonnée et démocratique de manière à rétablir le fonctionnement normal des institutions », précise la déclaration. La situation en Guinée reste « tendue », malgré le calme survenu quelques jours après la prise de pouvoir par les militaires, suite au décès du président Lansana Conté, a indiqué, jeudi, l'ambassade américaine à Conakry. La situation en Guinée « est calme, mais tendue », a indiqué un communiqué publié jeudi par l'ambassade US, qui signale que des rapports ont fait état « de violences qui semblent être des incidents isolés ». Les Etats-Unis ont menacé, mercredi, de suspendre leur aide financière à la Guinée, si les auteurs du coup d'Etat refusent de rétablir le système démocratique dans le pays. Lors d'un discours diffusé sur la Radio nationale, le capitaine Moussa Dadis Camara, autoproclamé « président de la République », a promis « des élections libres, crédibles et transparentes » en décembre 2010. Les militaires putschistes ont sommé, mercredi soir, « tous les officiers généraux de l'armée et membres du gouvernement », de gagner un camp militaire dans les 24 heures.