Comme le poivre, la muscade est connue depuis longtemps. De nombreuses noix ont été découvertes dans les sarcophages égyptiens. Le premier texte à l'évoquer date du Ve siècle de l'ère chrétienne. c'est un médecin, exerçant à Alexandrie, qui la cite sous le nom de Nux indica, c'est-à-dire, «noix indienne». Les Arabes l'ont importée des Indes au Moyen-Age et l'ont utilisée à la fois comme épice alimentaire et comme médication. Son usage a été restreint, en Europe. Au XIe siècle, à l'occasion de l'entrée de l'empereur germanique Henri VI à Rome, on a parfumé les rues de la ville avec des aromates, parmi lesquels la muscade (Myristica). Mais son usage en Europe ne commencera à s'étendre qu'après la découverte de la route des Indes. Les médecins arabes se sont intéressés à la noix muscade. Ibn Sîna écrit qu'elle fortifie l'estomac, le foie et la rate, mais Ibn Sîna, comme d'autres médecins musulmans, va mettre en garde contre ses abus. Ces prescriptions seront reprises par l'école de Salerne (XIe siècle). Mais à Salerne, également, on mettait en garde contre les abus, et l'on demande au médecin de se montrer prudent dans la prescription. «Une noix est salutaire, la seconde nuit, la troisième tue !» En effet, la noix muscade, quand elle est prise à forte dose, devient un narcotique puissant, très toxique. Les vertus de la muscade étaient reconnues par les médecins du Moyen-age et de la Renaissance. Pierre Lémery écrit : «La muscade fortifie et réchauffe l'estomac, aide à la digestion, chasse les vents, excite les mois aux femmes, provoque la semence, corrige la mauvaise haleine et résiste à la corruption.»