Les médecins européens ont repris les indications des médecins grecs et arabes, concernant la noix muscade. Dans son Histoire générale des drogues, publié en 1694, Pierre Pomet décrit abondamment la noix muscade et son essence et reprend des recettes qui ont déjà fait leurs effets. Au début du XVIIIe siècle, le médecin italien Paullini va lui consacrer tout un ouvrage de huit cents pages, en grec et en latin ! Après avoir décrit ses multiples vertus, il finit ainsi son exposé : «Tous les maux qui affligent l'humanité en sont justiciables (de la noix muscade), et c'est en outre la substance la plus propre à conserver les cadavres, de sorte que bien portants ou malades, vivants ou morts, nul ne peut se passer de cette noix, la plus salutaire de toutes ! Les portugais ont eu longtemps le monopole des épices et, partant, de la muscade, ils ont protégé sa culture. Mais dès le début du XVIIe siècle, ils perdent leur possession qui passe aux mains des Hollandais. Ceux-ci, à leur tour, vont exercer un féroce monopole sur les épices. Bougainville rapporte qu'ils surveillaient étroitement les côtes de la Malaisie pour empêcher les Européens d'y accéder. Valmont de Bomare, dans son Dictionnaire raisonné d'histoire naturelle, rapporte que les Hollandais, en juin 1760, ont brûlé, à Amsterdam, près de l'Amirauté, des stocks de muscade qui n'ont pu être écoulés. C'était pourtant un produit coûteux, mais une surproduction aurait fait chuter les prix. La noix muscade était considérée comme une véritable panacée et tous les médecins la prescrivaient.