Blida l En chaque être sommeille un artiste... La femme de Blida, en Algérie, ne déroge pas à la règle ! Voilà une dame, maman de plusieurs enfants, ancienne enseignante de langue française, qui a préféré se consacrer uniquement à sa progéniture en restant au foyer. Quelques années plus tard, l'envie lui prend de revenir à l'activité de couturière héritée de sa mère. Fetla, medjboud, broderie main reviennent à la surface. Et voilà les filles qui s'émerveillent ! «Ma fille aînée, âgée de moins de vingt ans et se présentant cette année au bac, n'en revenait pas lorsqu'elle a eu entre les mains un produit de mes travaux mais aujourd'hui, elle m'en demande pour chacune de ses amies», affirme cette quadragénaire. Des mariages et circoncisions rappellent alors cet art de porter un châle, une étole et les commandes pleuvent. «Ma mère était célèbre pour le r'chem, la reprise de motifs sur du calque qu'il s'agit alors de piquer sur le velours et les modèles sont devenus en quelque sorte des marques déposées», continue Dalila. Quatre à cinq heures quotidiennement : c'est le temps imposé pour terminer un châle fait de fleurs et de bourgeons pour une durée de trois mois en moyenne. «Les gens croient que je gagne beaucoup d'argent et rechignent à payer le prix proposé alors que les calculs faits un jour par mon frère aîné ont révélé que je ne prenais que le smig ; approximativement 350 à 400 DA/jour. La ville et la région de Blida devraient exiger que cet art soit transmis par le biais de centres de formation pour femmes au foyer, dans les centres culturels où la présence féminine est de plus en plus nombreuse... Un patrimoine à léguer avant qu'il ne soit trop tard !