Les quantités abondantes de fleurs qu'il faut pour produire quelques grammes de safran et la cherté du produit expliquent, qu'au cours des siècles, les producteurs comme les marchands aient souvent trafiqué le safran. En Europe, au Moyen-Age, les trafiquants étaient exécutés, conformément au code Safranchou qui punissait de mort les fraudeurs. Durant la Renaissance, on détruisait les récoltes et on infligeait de sévères punitions au fraudeur. En France, par exemple, un édit de Henri II du 8 mars 1550 ordonne de confisquer la production frauduleuse et de la brûler en infligeant un châtiment corporel au fraudeur. En Allemagne, on brûlait la marchandise et on condamnait le fraudeur au bûcher ! C'est que la fraude causait de gros préjudices financiers. Les méthodes de falsifications sont connues depuis longtemps, et se perpétuent de nos jours. Elles portent, soit sur les stigmates, soit sur le safran en poudre, plus facile à falsifier. On mélange la plante avec les fleurs de souci ou de carthame, des graines de piment, de la betterave, des fibres de grenade, de soie, peinte en rouge. Le safran, en poudre, lui, est surtout mêlé avec du curcuma, du paprika et d'autres poudres de la même couleur, pour augmenter la quantité de safran. Dans certains pays, aussi, on mélange des safrans de bonne qualité avec des safrans de qualité moyenne ou alors inférieure. C'est le cas de l'Inde, par exemple, où le safran du Cachemire, de très haute qualité, est mélangé avec du safran venu d'Iran, qui est de moindre qualité, ce qui a permis de faire baisser fortement le prix du safran du Cachemire, jusque-là, hors de prix.