Poids n L'affaire de corruption au sein de la Sonatrach, dévoilée récemment par des organes de la presse nationale, est sans doute l'une des affaires qui ont le plus éclaboussé les hauts cercles de l'Etat. Sonatrach, première société nationale, première entreprise industrielle en Afrique et la 12e plus grande compagnie pétrolière au monde, est déstabilisée par les poursuites judiciaires dont fait l'objet son staff dirigeant depuis le 13 janvier. Son P-dg, Mohamed Meziane, ses deux enfants, l'ancien patron du Crédit populaire d'Algérie (CPA), son fils et 15 cadres, dont des vice-présidents de la compagnie pétrolière, ont été placés sous contrôle judiciaire, après une enquête préliminaire menée par les officiers judiciaires du département de renseignement et de sécurité (DRS) qui a duré plus de deux semaines. Celle-ci concernerait des malversations dans l'octroi de marchés à deux bureaux d'études et de consulting et d'installation de surveillance dans le cadre de l'activité de transport par canalisation. Les concernés, notamment les enfants du P-DG, auraient réussi, grâce à leurs relations, «à avoir un statut de privilégiés», rapporte la presse. Après une audition de plus de 20 heures, le juge d'instruction a placé sous contrôle judiciaire 7 cadres dirigeants de la compagnie, dont le P-dg Mohamed Meziane et Chawki Rahal, vice-président chargé de l'activité commercialisation. Il s'agit là d'une grande affaire de corruption liée à la passation douteuse de marchés publics au profit de deux bureaux d'études et de consulting et d'une entreprise d'installation d'équipements de sécurité, qui auraient bénéficié d'importants contrats en contrepartie de pots-de-vin grâce aux enfants du P-DG de Sonatrach qui auraient joué le rôle d'intermédiaires. Toutefois, malgré la démission de ces dirigeants et le placement de Abdelhafidh Faghouli comme P-dg par intérim, pour assurer le remplacement de M. Meziane, le principe de présomption d'innocence des managers incarcérés et dont l'affaire n'a pas révélé tous les secrets, reste de mise. Ainsi, cette affaire, qui a touché cet immense groupe pétrolier, qui assure 98% des recettes en devises du pays, ne cesse de soulever moult interrogations au sein de la société algérienne mais surtout chez les spécialistes qui redoutent des retombées négatives sur l'image et la crédibilité du groupe au plan national et international. Cela dit, malgré les assurances du ministre de l'energie et des mines, Chakib Khelil, concernant le bon fonctionnement de la chaîne de production et celle du transport, «dans la mesure où les projets en cours se poursuivent et les contrats conclus avec des opérateurs étrangers ne sont pas remis en cause», le doute plane. Nombreux sont les observateurs qui estiment que l'engouement, déjà faible, des compagnies pétrolières étrangères pour la prise de risque en Algérie pourrait recevoir un coup dur après cette affaire de corruption. Ils relèvent la possibilité de voir amoindri le poids de l'Algérie au sein des organisations énergétiques internationales. Quoi qu'il en soit, cette affaire est un coup dur porté à l'image, non seulement de Sonatrach, mais de toute l'Algérie, d'autant plus que le pays se prépare à accueillir la 16e conférence internationale du gaz (LNG 16) prévue au mois d'avril prochain.