Le P-DG par intérim de Sonatrach, Abdelhafid Feghouli, affirme qu'aucun contrat n'a été annulé alors qu'un malaise est ressenti chez les cadres et autres salariés du groupe pétrolier. Plusieurs semaines après que le scandale Sonatrach eut éclaté, ébranlant tel un séisme le groupe pétrolier, les responsables du secteur tentent de reprendre les choses en main et de soigner l'image de la compagnie pétrolière écornée par les présomptions de malversations dans la conclusion de contrats. En effet, si le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, continue de camper dans un silence éloquent, Abdelhafid Feghouli, le P-DG de Sonatrach par intérim dans sa première déclaration à la presse, après sa nomination en janvier dernier, a tenté hier, en marge de la première rencontre sur la promotion de la pièce de rechange industrielle, de rassurer et l'opinion publique et les partenaires de la société nationale. Pas d'impact sur le bon fonctionnement de Sonatrach “L'affaire Sonatrach n'a pas eu d'impact sur le bon fonctionnement de la compagnie nationale. Aucun impact n'a été enregistré sur la production de pétrole et de gaz, le raffinage, la commercialisation, le transport et la liquéfaction. Aucun contrat n'a été annulé. Nous continuons de travailler normalement. Nombre de responsables se sont succédé et ont été remplacés sans que cela n'altère le bon fonctionnement de Sonatrach. Sonatrach est une entreprise solide. Il n'y a pas eu de retombées sur les relations de travail avec nos cocontractants nationaux et nos partenaires. Nos projets continuent de fonctionner normalement propres à Sonatrach ou en partenariat. Il n'y a pas eu de gel des contrats. Nous mettrons en œuvre le plan annuel ainsi que le plan à moyen terme conformément à ce qui était initialement convenu”. Concernant Saipem, citée dans l'affaire Sonatrach comme étant la bénéficiaire supposée de contrats irréguliers (avec une présomption de complicité du fils de l'ex-P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane), Abdelhafid Feghouli a affirmé que Sonatrach continue de travailler avec Saipem (cette société italienne réalise en particulier une partie du gazoduc GK3 reliant Hassi-R'mel à Skikda et El-Tarf). Il a démenti l'information sur un gel des avoirs de Saipem. Sur les informations parues dans la presse selon lesquelles le Premier ministre Ouyahia a la main sur Sonatrach et avalise les contrats, une conséquence de cette affaire, le P-DG par intérim a opposé également un démenti. “La main du gouvernement ou de la présidence sur Sonatrach ne sont que de pures affabulations. C'est la direction de Sonatrach qui continue à gérer la compagnie et qui décide de la conclusion des contrats”. “La main d'Ouyahia sur Sonatrach, de pures affabulations” L'affaire Sonatrach n'aura, selon lui, aucune répercussion sur la tenue en avril prochain du congrès mondial du GNL à Oran. Il sera organisé pendant la période prévue initialement. Il a reconnu quelques petits glissements dans le planning des travaux de réalisation du centre de conventions qui abritera les travaux. L'inauguration par le chef de l'Etat, le 24 février, de cette infrastructure semble reportée. Du coup, le P-DG de Sonatrach par intérim compte se déplacer à Hassi-Messaoud à l'occasion. À noter que parallèlement à la tenue du congrès mondial du gaz, il est prévu la réunion du forum des pays exportateurs de gaz. Au cours de cette période, le commissaire européen à l'énergie et le ministre nigérian de l'Energie sont attendus à Oran. Y sera abordée vraisemblablement la question de la création de l'Opep du gaz, avec la menace que font peser les contrats spots sur les contrats à long terme. En fait, tous ces discours des responsables du secteur pour soigner l'image de la compagnie n'ont pas apaisé le malaise chez les cadres et autres salariés de Sonatrach. Comment en est-on arrivé à ce scandale ? Ces beaux discours n'estomperont pas les défaillances dans la gouvernance et dans les instruments de contrôle qui ont permis à l'affaire de Sonatrach d'éclater et de mettre au jour une face très sombre de sa gestion.