Résumé de la 5e partie n La bouteille sert de lampe dans un jardin où une fête est organisée. C'est alors qu'elle croit reconnaître la fille du fourreur... Vers la fin de la fête, la bouteille fut enlevée par un gamin qui la vendit un schilling avec lequel il s'acheta un gâteau. Elle passa chez un marchand de vin, qui la remplit d'un bon cru. Elle ne resta pas longtemps à chômer : elle fut vendue à un aéronaute qui, le dimanche suivant, devait monter en ballon. Le jour arriva, une grande foule se réunit pour voir le spectacle, encore très nouveau alors ; il y avait de la musique militaire ; les autorités étaient sur une estrade. La bouteille voyait tout par les interstices d'un panier où elle se trouvait à côté d'un lapin vivant qui était tout ahuri, sachant qu'on allait tout à l'heure, comme déjà une première fois, le laisser descendre dans un parachute, pour l'amusement des badauds. Mais elle ignorait ce qui allait se passer, et regardait curieusement le ballon se gonfler de plus en plus, puis se démener avec violence jusqu'à ce que les câbles qui le retenaient fussent coupés. Alors, d'un bond furieux il s'élança dans les airs, emportant l'aéronaute, le panier, le lapin et la bouteille. Une bruyante fanfare retentit, et la foule cria : hourrah ! «Voilà une singulière façon de voyager, se dit la bouteille ; elle a cet avantage qu'on n'a pas au milieu de l'atmosphère à craindre de choc.» Des milliers de gens tendaient le cou pour suivre le ballon des yeux, la vieille fille entre autres ; elle était à la fenêtre de sa mansarde, où pendait la cage d'un petit serin qui n'avait pas alors encore de godet et devait se contenter d'une soucoupe ébréchée. En se penchant en avant pour regarder le ballon, elle posa un peu de côté, pour ne pas le renverser, un pot de myrte qui faisait l'unique ornement de sa fenêtre et de toute la chambrette. Elle vit tout le spectacle, l'aéronaute qui plaça le pauvre lapin dans le parachute et le laissa descendre, puis se mit à se verser des rasades pour les boire à la santé des spectateurs et enfin lança la bouteille en l'air, sans réfléchir qu'elle pourrait bien tomber sur la tête du plus honnête homme. La bouteille non plus n'eut pas le temps de réfléchir comme elle l'aurait voulu sur l'honneur qui lui était échu de dominer de si haut la ville, ses clochers et la foule assemblée. Elle se mit à dégringoler faisant des cabrioles ; cette course folle en pleine liberté lui semblait le comble du bonheur ; qu'elle était fière de voir longues-vues et télescopes braqués sur elle ! Patatras ! la voilà qui tombe sur un toit et se brise en deux ; puis les morceaux roulèrent en bas et tombèrent avec fracas sur le pavé de la cour, où ils se rompirent en mille menus débris, sauf le goulot qui resta entier, coupé en rond aussi nettement que si l'on avait employé le diamant pour le détacher. Les gens du sous-sol, accourus à ce bruit, le ramassèrent. «Cela ferait un superbe godet pour un oiseau», dirent-ils ; mais, comme ils n'avaient ni cage ni même un moineau, ils ne pensèrent pas devoir, parce qu'ils avaient le godet, acheter un oiseau. Ils songèrent à la vieille fille qui habitait sous le toit ; peut-être pourrait-elle faire usage du goulot. (à suivre...)