La tradition populaire retient surtout les miracles du saint. Quelques-uns sont cités dans les ouvrages hagiographiques. En voici les plus célèbres. On rapporte que Sidi Abderrahmane avait l'habitude, quand il voulait méditer, de se rendre au bord de la mer. Par un de ses prodiges dont les saints bénéficient, il se place sur son tapis de prière et celui-ci se met à voguer comme une barque. Un jour, en descendant sur la plage, il aperçoit un homme assis sur le sable, tourné vers la mer, jouant de la flûte. Il lui demande : «Que fais-tu là, brave homme ?» L'homme s'arrête aussitôt de jouer et le regarde et répond : «je joue de la flûte pour remercier Dieu de m'avoir donné un enfant ! J'ai fait le vœu que «si j'avais un enfant, je jouerais trois jours durant de la flûte pour remercier Dieu». Sidi Abderrahmane lui demande : «et tu es venu ici ?» «Oui, parce qu'ici, c'est calme et qu'il n' y a personne pour me distraire. J'ai déjà joué sans m'arrêter, pendant trois jours, je veux jouer encore pendant quarante jours. On ne loue jamais assez Dieu pour les bienfaits qu'il nous accorde !», répond-il. Sidi Abderrahmane est ému par cette foi naïve, mais sincère. «Brave homme, lui dit-il, tu as raison de louer dieu pour le bienfait qu'il t'a accordé, mais cette façon de le louer n'est pas la bonne et ne saurait donc être agréable au Très-haut !»