Résumé de la 5e partie Comme pour tous les saints, la tradition populaire attribue à Sidi Abderrahmane des miracles ou plutôt des karamate, des prodiges réalisés avec l'autorisation de Dieu. On rapporte qu'un saint, de passage à Alger, a été offensé par le comportement irrévérencieux de quelques malappris, est entré dans une violente colère. «Puisque ces gens, dit-il, sont de cette ville, eh bien, que cette ville périsse !» Il agite aussitôt son turban en direction de la colline qui se dresse au-dessus de la ville et un pan entier s'en détache, faisant un bruit d'enfer, menaçant d'écraser les maisons et les hommes. Sidi Abderrahmane, averti du danger, lève aussitôt sa canne et le morceau de colline reprend sa place ! Mul al burhan (celui qui possède un grand pouvoir) a ainsi réussi à sauver la ville. Une autre fois, en déplacement dans la montagne, il est surpris par le comportement immoral d'un groupe d'hommes. «Hommes, leur dit-il, revenez à la raison sinon vous subirez sur l'heure un châtiment douloureux. ? Qui es-tu donc, toi, pour nous censurer de la sorte ?» répondirent-ils. Et ils font comme s'il n'était pas là, continuant à s'amuser et à dire des insanités. Le saint lève aussitôt la main, la terre s'ouvre et engloutit les coupables. On rapporte encore que la notoriété de Sidi Abderrahmane étant parvenue à Sidi M'hamed Ben Aouda, le saint oranais bien connu. Celui-ci décide de lui rendre visite. Or, sidi Ben Aouda est connu pour le pouvoir qu'il exerce sur les lions. Il en prend un, le selle tel un cheval et le chevauche jusqu'à Alger. Il veut, par cette étrange monture, inspirer de la peur au patron d'Alger et ainsi lui montrer qu'il est plus fort que lui. Sidi Abderrahmane, nullement impressionné par le lion, accueille le saint avec chaleur et lui offre l'hospitalité. Le lion est placé dans la cour de la maison et, la nuit, Sidi M'hamed Ben Aouda demande à son hôte : «La nuit, il doit faire froid, montre-moi donc un endroit bien protégé où je dois conduire mon lion ! ? Conduis-le à l'étable, dit Sidi Abderrahmane, il dormira avec ma vache ! ? Avec ta vache ! dit le saint, étonné par la réponse. ? Oui, dit Abderrahmane en souriant, tu n'as rien à craindre pour lui !» Le saint n'en croit pas ses oreilles : lui, avoir peur pour son lion ! C'est plutôt à ce saint prétentieux d'avoir peur pour sa vache, le lion, assurément, n'en fera qu'une bouchée ! Ben Aouda conduit donc son lion à l'étable et va dormir, impatient que le jour se lève. Au matin, c'est Sidi Abderrahmane qui vient le trouver. «Allons donc voir comment ton lion a passé la nuit», lui dit-il. Ils se rendent à l'étable. Miracle : la vache est là, bien vivante, tenant entre ses pattes des morceaux de la fourrure du lion et des poils de sa crinière. Elle l'a dévoré ! «Et dire que tu avais peur pour ma vache !», dit Abderrahmane avec ironie.