Désignation n Le vice-président Goodluck Jonathan, a accepté, hier soir, de présider temporairement la nation, comme l'a requis le Parlement, en raison de l'absence prolongée du chef de l'Etat hospitalisé à l'étranger. «Je reçois avec une humilité et un honneur profonds cet important appel au devoir. Je suis conscient des responsabilités qui reposent sur moi et que je vais assumer pleinement», a déclaré Goodluck Jonathan, 52 ans, dans une allocution télévisée. Hier, les deux Chambres de l'Assemblée nationale, le Sénat et la chambre des représentants, ont adopté chacune une résolution prévoyant que Goodluck Jonathan assure l'intérim à la présidence, du chef de l'Etat Umaru Yar'Adua hospitalisé en Arabie saoudite depuis le 23 novembre pour une affection au cœur. Elles voulaient ainsi mettre fin à des mois d'incertitude rendant difficile la gestion du pays le plus peuplé d'Afrique avec 150 millions d'habitants, secoué notamment par une rébellion qui menace les exportations du 8e producteur de pétrole de l'Afrique et des tensions intercommunautaires. La décision du Parlement a soulevé des questions sur sa portée légale hier. Des voix se sont élevées pour la contester, et d'autres pour l'approuver, avec en toile de fond des craintes de menacer l'équilibre confessionnel du pouvoir. Selon une règle non écrite mais appliquée dans ce pays majoritairement musulman au nord et chrétien au sud, la présidence revient alternativement à un chrétien puis à un musulman. M. Yar'Adua est musulman, tandis que son vice-président Goodluck Jonathan, est chrétien. Le gouvernement n'avait pas réagi. Le cabinet a, jusqu'à présent, soutenu que M. Yar'Adua était apte à présider en dépit de son absence. Mais la semaine dernière, le ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, a demandé le transfert des pouvoirs à Goodluck Jonathan. Le 13 janvier, la Haute Cour fédérale avait jugé que Goodluck Jonathan pouvait exercer temporairement l'exécutif, précisant qu'il ne devenait pas pour autant «président par intérim». Hier soir, la chaîne télévisée d'Etat NTA a fait référence dans son journal à Goodluck Jonathan comme le «Président par intérim», avant même que celui-ci ne prononce son discours. Selon la Constitution, le chef de l'Etat doit transmettre une «déclaration écrite» au Parlement pour lui notifier son absence et permettre au vice-président de le remplacer. En l'absence d'une telle lettre, le Sénat a jugé que la récente et brève interview de M. Yar'Adua à la BBC le 12 janvier faisait l'affaire. «Le président, par cette déclaration diffusée mondialement, a donné au Parlement la preuve irréfutable qu'il est en congé médical et a ainsi respecté l'article 145 de la Constitution», a déclaré le président du Sénat. En raison de son absence, le processus de pacification du sud pétrolifère est en passe d'échouer faute d'avancées. Goodluck Jonathan a promis que le gouvernement fédéral allait «prendre toutes les mesures pour consolider les bénéfices de l'amnistie dans le delta du Niger et mettre en œuvre le programme post-amnistie».