Sidi-Ammar, qui possède son mausolée dans le ksar de Tinkram, dans le Gourara, a vécu au XVe siècle de l'ère chrétienne. On le surnomme Leghrib, «celui qui vient de l'ouest» parce qu'il est originaire de Tadla, au Maroc, une région qui a fourni de nombreux saints. Ses biographes lui donnent une origine chérifienne, c'est-à-dire arabe, mais il y a de fortes chances pour qu'il soit, comme la plupart des saints magrhébins, d'origine berbère. A Tinkram, Sidi Ammar fonde une zaouïa qui va servir à convertir les tribus berbères zénètes, païennes ou insuffisamment islamisées. A Tinkram même, il sera confronté aux deux clans rivaux (çof), celui des Yahmed et celui de Sofyan. Ces clans, qui se faisaient constamment la guerre et qui avaient des coutumes barbares, sont devenus légendaires dans le Gourara. Quand on en parle, c'est toujours pour évoquer une situation de violence et d'anarchie. Sidi-Ammar Leghrib réussit à rétablir l'ordre dans le ksar et étend même son influence sur les ksour environnants. Il achète des terres aux nomades, crée des jardins, fait construire des habitations et creuser des puits, participant ainsi à la mise en valeur du désert et surtout à l'établissement de l'ordre et de la discipline, ce qui va assurer la sécurité dans la région.