Résumé de la 11e partie n Malgré la tentative d'assassinat, Ali refuse de se réfugier à l'ambassade comme le lui suggère son ami Bob… Le prince n'était ni pittoresque ni violent. Cependant, alors qu'en Angleterre les êtres pittoresques et violents suscitent la gêne et ne plaisent guère il en allait différemment au Moyen-Orient : Bob en avait la conviction. — Mais la démocratie... commença Ali. — Bof ! la démocratie ... coupa Bob en brandissant sa pipe. C'est un mot qui a partout des sens différents. Il y a une certitude. Il ne signifie jamais ce que les Grecs entendaient par là à l'origine. Je vous parie tout ce que vous voulez que s'ils vous renversent je ne sais quel joyeux marchand d'illusions prendra le pouvoir, chantant ses propres louanges, s'érigeant en Dieu Tout-Puissant, et qu'il fera pendre ou décapiter tous ceux qui oseront manifester le moindre désaccord. Et, remarquez-le bien, il clamera à tous les échos qu'il s'agit d'un gouvernement démocratique, un gouvernement du peuple pour le peuple. Et je crois que ça lui plaira aussi, au peuple. Il trouvera ça excitant, le peuple. Des flots de sang... — Mais nous ne sommes pas des sauvages ! Nous sommes civilisés aujourd'hui. — II y a plusieurs sortes de civilisations, répliqua Bob sans préciser. En plus... j'incline à penser que nous avons tous en nous une part de sauvagerie et qu'il nous suffit de trouver une bonne excuse pour lui donner libre cours. — Peut-être avez-vous raison, s'assombrit Ali. — Ce dont les gens ne semblent plus vouloir nulle part de nos jours, soupira Bob, c'est de quelqu'un qui ait un peu de sens commun. Je n'ai jamais été un intellectuel - vous le savez assez, Ali -, mais je pense souvent que c'est cela qu'il faut réellement au monde - juste un peu de sens commun. Il posa sa pipe et se redressa dans son fauteuil : — Mais tout ça importe peu. Ce qui compte, c'est de savoir comment nous allons vous sortir d'ici. Y a-t-il dans l'armée quelqu'un à qui vous puissiez vrai-ment vous fier ? Le prince Ali Youssouf secoua lentement la tête : — Il y a quinze jours, j'aurais dit «oui», mais maintenant je ne sais pas... Je ne peux pas être sûr... Bob approuva : — C'est ça, le chiendent. Votre palais, il me flanque les jetons, comme on dit vulgairement. Ali acquiesça sans émotion : — Oui, il y a des espions partout, dans les palais... Ils écoutent tout... Ils... ils savent tout ! — Il y en a même dans les hangars, coupa Bob. Le vieil Ahmed est parfait. Il a une espèce de sixième sens. Il a découvert un des mécaniciens en train d'essayer de saboter l'avion - un des hommes dont nous aurions juré qu'il était absolument digne de confiance. Ecoutez, Ali, si nous faisons une tentative de départ, il faut que ce soit bientôt. — Je sais... je sais. Je crois... j'en suis maintenant convaincu : si je reste, on me tuera. (à suivre...)