Alger Il était 22h 30 en ce 23 décembre 2002, lorsque Ahmed, lycéen, décide d?aller rendre visite à son frère. Au moment où il s?approche du bâtiment où habite son frère apparaît Tayeb B., un jeune policier âgé de 32 ans. Il lui demande sa pièce d?identité tout en pointant sur lui son arme, dont il alimente le canon d?une balle. Au moment où Ahmed s?apprête à tirer sa carte d?identité, une balle lui perfore le ventre et le policier s?éclipse, laissant sa victime sur place. Un parent d?Ahmed, Kamel B., vient alors à son secours et l?évacue vers l?hôpital où il est admis, vu son état critique, au bloc opératoire. L?intervention chirurgicale ne sert à rien. La victime passa une nuit à l?hôpital avant de rendre l?âme le lendemain. Avant son décès, Ahmed S. avait raconté la scène au policier chargé de l?enquête. Le policier incriminé, Tayeb B., donna une autre version des faits. «Ils étaient deux à se présenter à la cité cette nuit-là», expliquera-t-il. Et d?ajouter : «Je les ai sommés de s?arrêter et de décliner leur identité. Le compagnon du défunt s?est enfui, pendant que lui se dirigeait vers moi. Devant la peur d?être agressé, compte tenu des risques que présente ce quartier notamment la nuit, j?ai usé de mon arme sans intention de tuer.» Au sujet de sa fuite du lieu du drame, le policier prétendit être allé chez lui pour appeler les secours et les services de police. Règlement de comptes ? Crime crapuleux ? Mise en scène macabre ? Les observateurs et les enquêteurs n?excluent aucune hypothèse. La mère de la victime déclarera que la famille du policier était venue la voir pour lui remettre 12 millions de centimes en guise de dédommagement. Mais la vie d?un homme a-t-elle un prix ? Durant les différentes étapes de l?instruction, Tayeb B. ne changera pas d?un iota ses déclarations. Quant à l?expertise psychiatrique, elle confirmera qu?il jouissait de toutes ses capacités mentales. Placé sous mandat de dépôt, Tayeb B. a comparu le 26 janvier 2004 devant le tribunal criminel d?Alger, pour répondre d?homicide volontaire sur la personne de Ahmed S., tué à la fleur de l?âge. Interrogé par le président de la cour, Tayeb B. s?en tiendra toujours à ses premières déclarations : «Je n?avais aucun litige avec ce jeune, M. le président, comment aurais-je souhaité lui ôter la vie volontairement ?» L?avocat de la partie civile a, dans une brève plaidoirie, mis l?accent sur la manière de s?y prendre du policier censé protéger le citoyen. «En pensant à la mère de la victime, blessée au plus profond d?elle-même, je pense que la justice saura être en mesure de lui infliger la peine qui s?impose», dira-t-il. Le représentant du ministère public s?est dit éc?uré de voir un homme de loi mêlé à une telle histoire. «Ce jeune, dira-t-il, était venu rendre visite à son frère la nuit parce qu?il savait que les services de sécurité étaient présents, il était donc confiant. Mais c?est d?un policier qu?émanera la balle qui l?a envoyé dans l?autre monde.» Ainsi, il requiert une peine de 20 ans de prison ferme à l?encontre de Tayeb B. pour homicide volontaire, en se référant aux articles 254 - 263 alinéa 3 du Code pénal. Après délibérations, Tayeb B. a été condamné à 3 ans de prison ferme.