Manifestation n La contestation dans le secteur de l'éducation gagne la rue, alors que les syndicats campent sur leurs positions en poursuivant la grève. Après l'annonce par le ministère de l'Education des nouveaux salaires des enseignants, élèves et parents ont poussé un ouf de soulagement ! L'année scolaire n'est finalement pas compromise, ont-ils cru naïvement. Le secteur de l'éducation continue, hélas, à s'agiter et le mouvement de grève se poursuit au grand dam de milliers d'élèves. «Nous refusons d'être des otages», ont-ils crié hier dimanche à Oran dans une manifestation qui a réuni des centaines de lycéens. Pour eux, il est impossible de récupérer en si peu de temps l'ensemble des cours inscrits au troisième trimestre. Les jeunes manifestants, pour la plupart des candidats au baccalauréat, réclament le rétablissement des vacances du printemps. Mais surtout d'être écartés de ce conflit qui a un peu trop duré. Si pour l'heure, seuls les élèves d'El-Bahia ont crié haut et fort leur malaise et leur désarroi, ce sentiment n'est pas moins partagé par les autres scolarisés du pays et rien ne dit que la manifestation ne va pas faire tache d'huile. Il faut dire que le mouvement de grève reconductible des enseignants a des conséquences graves. Au vu des nombreux débrayages organisés tout au long de cette année scolaire, le volume pédagogique à rattraper est considérable. Il y a, selon des associations des parents d'élèves, deux mois de décalage dans l'avancement des programmes. Certaines de ces organisations vont d'ailleurs jusqu'à interpeller le Premier ministre pour éloigner le spectre de l'année blanche. Syndicats et ministère de l'éducation sont tout autant pointés du doigt dans cette situation d'enlisement dont l'école algérienne n'avait surtout pas besoin. Pour le ministère de l'Education rien ne justifie la poursuite du débrayage puisque «les augmentations annoncées sont bien réelles. Et le dossier du régime indemnitaire est définitivement clos avec la signature du décret par le Premier ministre». Ainsi, les enseignants recevront, selon le plan de subvention établi par le ministère, une augmentation des salaires de l'ordre de 29, voire 32%. Cependant, pour les syndicats, le mot d'ordre de la grève est maintenu si les revendications liées à la médecine du travail et aux œuvres sociales ne sont pas satisfaites par la tutelle. En outre, ils accusent la tutelle de vouloir monter l'opinion publique contre eux en rendant publics les salaires des enseignants. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) et l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) ne semblent pas prêts à lâcher du lest. Le mouvement est à son quatrième jour et la mobilisation va crescendo. Ce qui les a vraisemblablement confortés dans leur position quitte à mettre en péril l'avenir de toute une génération. La responsabilité des deux parties dans la progression de ce mouvement de contestation est de toute évidence partagée. Et le plus grand perdant n'est autre que l'élève et l'école algérienne d'une manière générale.