Sidi Boumediene (Abu Madyan) est donc en visite chez Abû Yaz'a, le saint de la montagne. Celui-ci l'accueille très mal. Au déjeuner, le saint fait apporter un grand plat de couscous et invite les visiteurs à manger. Chou'ayb s'approche, mais il le repousse. — Mais qu'ai-je fait pour que tu me traites de la sorte ! proteste l'Andalou. Mais Abu Yaz'a, méprisant, ne daigne même pas lui répondre. Il va le laisser ainsi, pendant trois jours, à sa porte, sans boisson ni nourriture. Au troisième jour, perdant le contrôle de lui-même, il se jette dans l'endroit où Abu Yaz'a était assis et se roule dans la poussière. «Pitié ! Pitié !», crie-t-il, en pleurant. Mais le maître ne se laisse pas attendrir. Chou'ayb se relève et découvre qu'il est aveugle ! Le cheikh ordonne qu'on le mette dans un coin de la maison et qu'on l'oublie. Le jeune homme va passer la nuit en larmes. Le lendemain, il se lève et marche à tâtons. «l'Andalou, dit Abu Yaz'a, approche !» Le saint daigne enfin s'adresser à lui ! Il va dans la direction de la voix. Abu Yaz'a lui caresse aussitôt le visage et il retrouve la vue. — Je voulais seulement t'éprouver, lui dit-il, aujourd'hui, je sais que tu es promis à une grande destinée. Il l'accueille chaleureusement chez lui, lui donne à manger et le prend comme disciple.