Quelque temps après, Chou'ayb formule le désir de faire le pèlerinage à La Mecque. Sidi Yaz'a l'y autorise. «En descendant de la montagne, lui dit-il, tu rencontreras un lion, ne crains rien, il ne te fera pas de mal. Mais si la peur te prend, évoque mon nom et il te laissera passer, tu rencontreras aussi trois voleurs : appelle-les au repentir. Deux t'écouteront et reviendront sur le droit chemin, le troisième refusera et il sera pris et crucifié.» Abu Madyan prend congé de son maître et s'en va. Il rencontre comme prévu un lion, puis trois brigands. Il suit les recommandations et tout se passe bien pour lui. Il devait garder, sa vie durant, le souvenir de son séjour à Taghia et de son étrange saint. Il effectue donc le pèlerinage à La Mecque, passe un certain temps en Orient où il parfait ses connaissances, puis rentre au Maghreb. Il s'arrête à Béjaïa, pour une halte mais la ville lui ayant plu, il décide de s'y installer. Béjaïa était, à l'époque, la capitale de l'Etat hammadite et, par le nombre de ses artistes, de ses poètes et de ses savants, elle égalait Fès et Tlemcen. Elle possédait de nombreux palais, des mosquées et des médersas où affluaient des étudiants venus de partout. C'était aussi une ville où s'étaient installés de nombreux Andalous.