Le lendemain, le maître de Chou'ayb s'étonne de le voir toujours en haillons. «Pourtant, lui dit-il, tu avais, en partant d'ici, suffisamment d'argent pour t'offrir un nouveau costume !» Chou'ayb lui raconte alors ce qui s'est passé avec les animaux. Le cheikh le regarde admiratif et lui dit : «Réjouis-toi, Dieu Très-Haut a tracé ta voie !» Un jour, il entend parler d'un ermite qui vit dans la montagne et qui accomplit des prodiges. L'homme s'appelle Abu Yaz'â – Sidi Bouaâza en dialectal – et après plusieurs années d'errance, à la recherche de la vérité, il s'était installé à Taghia, où on peut encore, aujourd'hui, visiter son sanctuaire. Abu Yaz'a menait une vie très rude, il ne parlait que le berbère et faisait appel à un traducteur quand il recevait un étranger. Abu Madyan résolut alors de lui rendre visite. Il se rend donc à Taghia où il trouve d'autres étudiants, venus également voir l'ermite. Il s'approche de lui : l'ermite le foudroie du regard et s'éloigne. «Pourquoi me traite-t-il de la sorte ?», demande-t-il aux autres visiteurs. «Nous, lui répondent-ils, il nous a accueillis avec chaleur ! Patiente donc, il finira par t'accueillir, toi aussi !» Mais le saint fait entrer les visiteurs dans sa maison et le laisse dehors.