Jean-Louis Catineau a été condamné, le 23 février 2004, à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris pour avoir tué son épouse, huit ans après le meurtre de sa première compagne. Cette sanction est conforme aux réquisitions de l'accusation. Pour l'avocat général comme pour l'avocat de la défense, il s'agissait d'un «crime passionnel en récidive». Jean-Louis Catineau, 42 ans, était accusé d'avoir tué son épouse, Thérèse Soubeiga, 36 ans à l'époque, de 14 coups de couteau, à l'issue d'une violente dispute car cette dernière voulait le quitter. Le couple s'était rencontré par le biais d'une petite annonce, en avril 1999, alors que Catineau était toujours en détention, purgeant une peine de 12 ans de réclusion à laquelle il avait été condamné pour le meurtre de sa première compagne en 1993. Les deux crimes comportent d'ailleurs des similitudes : la femme veut le quitter, mais Catineau ne supporte pas d'être rejeté. Il s'énerve, se saisit d'un couteau et frappe. Pour le second crime, les faits s'étaient déroulés en février 2001 dans l'appartement du couple, sous les yeux des trois enfants de la victime, alors âgés de 3 à 13 ans et nés de précédentes unions. Catineau avait, en effet, été libéré en novembre 2000, près d'un an après son mariage au cours d'une permission, et avait commencé à vivre avec Thérèse Catineau mais, rapidement, leur relation s'était dégradée. Dans ses réquisitions, l'avocat général Jean-Jacques Bignon, a insisté sur l'enfance dévastatrice de l'accusé, sur la «brutalité inouïe» de sa mère qui le rejette, sur son surnom de «bâtard». Ce qui, selon les experts psychiatres, explique pourquoi il ne supporte pas d'être quitté, de se sentir de nouveau rejeté. Selon la loi, l'accusation aurait pu réclamer jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité, une sanction que cet avocat général préfère réserver aux tueurs en série. Mais l'enfance n'explique pas tout, estime encore M. Bignon, qui rappelle le début de la relation et les «lettres d'amour enflammé» que Catineau et Thérèse Soubeiga s'échangent. Mais «cette grande passion ne survit pas aux factures de gaz» et, rapidement, la réalité prend le dessus par rapport à la relation imaginaire qui s'était constituée au fil de 20 mois d'échanges de lettres. M. Bignon a également estimé que la victime avait, peut-être, à une époque, soufflé le chaud et le froid, eu une attitude ambivalente, notamment quand elle avait permis à son ancien amant et père de sa dernière fille, de venir dîner et parfois passer la nuit à son domicile. A son tour, l'avocat de la défense, Fabrice Dubest, décrit «une très belle histoire d'amour» qui tourne au cauchemar. La belle histoire est celle de deux «naufragés de la vie», lui à cause de son enfance, elle parce qu'elle a souvent été quittée, «qui construisent un radeau de fortune» mais échouent. Me Dubest est revenu aussi sur l'enfance de l'accusé, un homme au nez de boxeur, au «visage forgé par les coups de casserole» de sa mère. L'avocat reconnaît que Catineau n'a pas fait un travail suffisant sur lui-même après le premier crime. Mais la réalité de la prison fait aussi qu'il n'a pas été beaucoup poussé à ce travail. Ce n'est «pas un meurtre calculé», mais un «crime passionnel en récidive», a-t-il plaidé, un crime comme il n'en existe que «cinq dans les annales» judiciaires.