Francis Heaulme a été condamné par la cour d'assises de la Marne, en France, à la peine maximum de 30 ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté de 20 ans, pour trois meurtres commis dans la région en 1988 et 1989. Les jurés, qui ont délibéré pendant trois heures, ont suivi exactement les réquisitions de l'avocat général Vincent Lesclous. Il s'agissait du neuvième et probablement dernier procès de Francis Heaulme. Heaulme a reconnu le meurtre de Sylvie Rossi, 30 ans, en juillet 1989 près de Reims. En revanche, il a nié pendant tout le procès les meurtres de Ghislaine Ponsard, 61 ans, et Georgette Manesse, 86 ans, en juin 1988 à Charleville. Il les avait avoués aux enquêteurs avant de se rétracter. Me Girault, son avocat, n'a visiblement pas convaincu les jurés alors qu'il avait cherché à instiller le doute en évoquant les nombreuses contradictions entre les «prétendus aveux» d'Heaulme et la réalité des faits. Il leur avait demandé de «juger un homme et pas Francis Heaulme» le tueur en série. Sa demande de requalification du meurtre de Sylvie Rossi en «coups mortels», passibles de 15 ans de réclusion, au motif qu'Heaulme n'aurait pas eu l'intention de la tuer, a été écartée par la cour. Lors d'un réquisitoire très sévère contre celui qu'il a qualifié de «prédateur absolu sans regrets ni remords», l'avocat général avait averti que si l'accusé était laissé libre, il récidiverait. «Il prend un plaisir inouï à la mort et à la souffrance de ses victimes, ce parcours est conscient», avait-il souligné, parlant d'«orgasme de violence». Sur le meurtre des deux femmes tuées à coups de couteau, il avait estimé que l'accusé avait «donné des détails terriblement exacts» et que ses aveux, pour lesquels il s?était rétracté par la suite, étaient «crédibles». Reconnaissant sa présence sur les lieux du drame, Heaulme n'a cessé de répéter devant la cour qu'il n'avait pas tué «les deux mamies». S'il n'a pas avoué ce double meurtre à l'audience, selon l'avocat général, «c'est qu'il ne supporte pas de briser son image» vis-à-vis de sa grand-mère toujours en vie et de sa s?ur, les deux seules personnes auxquelles il soit réellement attaché. Le tueur en série a déjà été condamné six fois pour meurtre, dont deux fois à perpétuité. Cette nouvelle peine sera «absorbée» par la peine la plus forte, prononcée contre le «routard du crime» lorsque la cour d'assises du Var l'a condamné à perpétuité avec 22 ans de sûreté en mai 1997. Heaulme est apparu très vieilli et l'air éteint. Sur son avenir en prison, un expert psychologue s'est montré très pessimiste à l'audience : «A partir du moment où les choses seront terminées dans sa route judiciaire, il risque de se suicider. Plus rien ne pourra le faire vibrer.»