Rappel n L'abolition de la peine de mort est toujours en vigueur chez nous et continue d'être prononcée bien qu'il n'y ait eu aucune exécution depuis1993. Le président du Haut-Conseil Islamique (HCI) M. Cheikh Bouamrane a affirmé, hier, à Alger, que la peine de mort ne peut être abolie en toute circonstance, précisant que c'est aux tribunaux de décider de son application ou non. Le président du HCI a indiqué dans une conférence de presse que l'abolition de la peine de mort à laquelle appellent de nombreuses instances nationales et internationales, y compris les Nations unies, continue de susciter des débats au sein des commissions consultatives du Conseil. Partant du fait que «la sanction est un des fondements de la religion islamique» et que son application ou non est du «ressort des tribunaux qui jugent les circonstances et les tenants et aboutissants du crime», il a déclaré que «la sanction dépend de la nature du crime», car «le criminel qui tue un enfant et vend ses organes par exemple ne peut échapper à la peine de mort». C'est pourquoi, a-t-il dit, «il convient de laisser la justice se prononcer sur la nature du crime bien que dans tous les cas on ne puisse abolir une disposition de la chari'a». Maîtres Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme, et Miloud Brahimi, avocat spécialiste des questions des droits de l'homme, sont, quant à eux, pour l'abolition de la peine de mort en Algérie, l'assimilant à une «torture et à un châtiment corporel». Les deux hommes s'exprimaient hier lors d'une conférence-débat organisée au centre de presse du journal El Moudjahid à l'occasion de la commémoration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. «La peine capitale est un châtiment corporel, un supplice, et moi je suis contre la torture et le châtiment corporel», a déclaré Me Ksentini. «La peine de mort est de plus en plus assimilée dans le monde à de la torture», a dit, pour sa part, Me Miloud Brahimi. «Si l'Algérie veut être de son temps, elle doit abolir la peine capitale et introduire dans sa législation le crime contre l'humanité et son prolongement naturel qui est l'adhésion à la Cour pénale internationale», a-t-il dit, assurant qu'ainsi «notre pays donnera l'exemple, au reste du monde arabo-musulman». L'Algérie a ratifié en 1989 le Pacte international relatif aux droits civils et politiques mais n'a pas ratifié le deuxième protocole relatif à ce Pacte visant à abolir la peine de mort. En 2008, 200 personnes ont été condamnées à mort dans notre pays, selon le rapport d'Amnesty International de 2009, «peine de mort et exécutions en 2008». L'Algérie s'est ainsi placée au 4e rang des pays qui condamnent le plus à mort, derrière la Chine, l'Iran et le Pakistan.