Dans plusieurs colloques et autres rencontres organisés dans la wilaya de Tizi Ouzou sur le thème du suicide, la presse a été incriminée pour avoir rapporté les cas de suicide dans la région. Certains sont même allés jusqu'à l'accuser d'incitation à l'auto-homicide volontaire. A ce propos, le Dr Boudarène nous dira : «Le brusque intérêt pour les chiffres, en particulier concernant la Kabylie, a amené certains journalistes à évoquer un possible phénomène de contagion et/ou une épidémie de suicides. Chacun sait qu'il n'y a pas de réelle contagion en la matière. Des cas individuels d'imitation ont quelquefois été rapportés mais ils sont isolés». Notre interlocuteur souligne toutefois que la récurrence de l'information sur le suicide dans les médias peut réveiller chez certains individus la peur de passer à l'acte. «Nous avons toutefois assisté, durant plusieurs mois, à une véritable épidémie de la peur du suicide». La récurrence de cette information a réveillé, en effet, chez les sujets les plus fragiles une anxiété importante avec émergence de phobies d'impulsion (peur du passage à l'acte suicidaire) et autres attaques de panique. Les sujets font tous un lien entre leur état de détresse psychologique et la lecture des journaux. Cette détresse psychique ne pose pas en soi un réel problème. Elle s'inscrit dans la logique d'une pathologie mentale particulièrement sensible à l'événement extérieur. L'information est venue, dans ces cas, réveiller une angoisse en sommeil», souligne notre interlocuteur. Lors d'un séminaire sur le suicide organisé au niveau de l'école paramédicale de Tizi Ouzou, les organisateurs tout comme les communicants se sont passé le mot pour acculer la presse et l'accuser de participer à la généralisation du phénomène. Un député du RCD outré par ces accusations, avait réagi violemment en plénière en soulignant que la presse a le mérite d'avoir incité les pouvoirs publics et autres organisations (associations, psychiatres…) à se pencher sur ce problème et à ne plus l'ignorer. L'objectif des journalistes n'est-il pas de ramener les spécialistes et les autorités à mettre en place une stratégie de prévention contre le suicide ? Il était d'ailleurs, question de la mise en place d'un centre d'écoute qui n'a pas encore vu le jour.