Concert n Chants et musiques d'Amérique latine étaient au menu jeudi à la salle El-Mougar avec le groupe Los Calchakis, et ce, à l'initiative de l'Office national de la culture et de l'information. Constitué de deux Chiliens et de trois Argentins, Los Calchakis ont permis au public, l'instant d'un récital haut en couleurs et riche en sonorités andines, de voyager au cœur même de l'Amérique latine, dans le pays des Incas et dans la culture historique et authentique des populations autochtones d'Amérique latine. C'était un voyage musical féerique, formidable et captivant, plein d'émotions et de rêves, auquel le public était convié et à travers lequel il a découvert une culture et une tradition musicale millénaire, celle des sociétés précolombiennes qui luttent aujourd'hui pour la survie de leur mémoire. Cela s'est fait par le biais des différents instruments avec lesquels Los Calchakis ont admirablement joué et joliment interprété – avec leurs voix captivantes – chacune de leurs chansons. Hector Miranda, le leader du groupe, s'est appliqué à donner au public quelques explications sur l'instrument utilisé. C'est donc avec des instruments authentiquement précolombiens comme la flûte de Pan dont les tuyaux sont séparés en deux instruments joués en alternance par deux musiciens, ou encore d'autres styles et formes de flûtes ayant enrichi la panoplie musicale. Il y avait aussi le pezunas, un bruiteur construit avec des sabots de chèvre groupés et assemblés dans un même instrument : le public a découvert un genre musical originaire des Andes. D'autres instruments aussi originaux que riches en sonorités, comme le bombo (un tambour argentin creusé dans un tronc d'arbre évidé à la main et recouvert d'une peau de chèvre) ou alors le charango (une sorte de mandoline faite avec la carapace d'un tatou avec 10 cordes groupées par deux), ou encore le cuatro (une guitare vénézuélienne à quatre cordes), ont rendu le récital plus éclectique et attractif. Près de deux heures, Los Calchakis ont interprété quelque-unes de leurs plus belles chansons puisées dans un répertoire riche et varié comprenant plus de mille titres. Une belle anthologie à travers laquelle Los Calchakis, un groupe passé maître dans l'art de plaire, se sont notablement distingués avec autant de beauté que de poésie. La musique qu'interprètent Los Calchakis – ils continuent jusqu'à aujourd'hui à jouer et ce depuis 1960 – est à forte charge émotionnelle : il y a une sensibilité andine profonde qui s'en dégage et imprègne les sens de chacun. Cette musique, authentiquement andine mais marquée par quelques influences hispaniques, nous immerge effectivement dans l'histoire et la culture spécifiquement précolombienne : on s'y rend par des chemins tracés par les instruments précolombiens à la rencontre de cette culture et de cette histoire plusieurs fois millénaire que les populations autochtones ont su si bien préserver des incursions et agressions de la civilisation européenne. C'est sur ces airs que le public a voyagé, l'instant d'un récital, à travers les Andes et a remonté le temps jusqu'à la civilisation inca. Ce fut un beau voyage d'une grande beauté musicale. A noter que Los Calchakis, qui ont à leur actif près d'une cinquantaine d'albums et plus de trois mille concerts de par le monde, travaillent en chant comme en musique à entretenir la mémoire andine, à faire connaître l'histoire et la culture des peuples précolombiens, et ce, via la musique. Rappelons que Los Calchakis se sont déjà produits dans les années 1970 à Alger et dans la même salle.