En 1968, les Calchakis enregistrent l'album La Flûte indienne qui fera le tour du monde, y compris l'Algérie. Toute une génération d'Algériens, aujourd'hui quinquagénaires ou plus, a été emballée par la musique de la Cordillère des Andes. Les milieux estudiantins de la fin des années soixante et soixante-dix fredonnaient sans cesse cette musique envoûtante, dans une université bouillonnante de vie et d'idées. On se souvient, par exemple, que la venue d'Atahualpa Yupanki à Alger avait attiré une foule si nombreuse que plusieurs concerts n'auraient pas suffi. Aujourd'hui, les jeunes Algériens portent le bonnet des indiens péruviens, mais ne connaissent pas la musique andine, son jeu de flûte de pan extraordinaire, ses percussions entraînantes et ses chants venus des sommets de la planète, là où l'air est si rare que le son prend des échos inimitables. C'est une occasion en or qui est offerte aux premiers de retrouver les chants de l'Altiplano et, aux seconds de les découvrir. On doit cette initiative à l'ONCI (Office national de culture et d'information) qui a invité Les Calchakis à se produire à la salle Atlas. Ce groupe est l'un des pionniers les plus en vue de la vague de musique andine qui a déferlé dans le monde à la fin des années 60. En près de soixante ans d'existence, il a changé plusieurs fois sa composante. C'est aujourd'hui un des groupes les plus anciens au monde, puisqu'il a vu le jour en 1961. De plus, son créateur, l'âme de la formation, est toujours là : Hector Miranda, argentin qui a délaissé très tôt les sirènes du tango pour l'authenticité de la flûte indienne. Toujours parmi le groupe également, le chilien Sergio Arriagada venu en 1969, soit une année après le best-seller mondial de La flûte indienne. Sergio est un virtuose, jouant de tous les instruments traditionnels de l'Amérique du sud. Sa venue fait passer le groupe de quatuor à quintette et ouvre le chemin de plusieurs tournées mondiales avec des concerts dans des lieux prestigieux : le Monumental de Madrid, l'Olympia et la Salle Pleyel de Paris, l'Opéra de francfort, le Lisner Auditorium de Washington, le Palais des Beaux-arts de Mexico, le Wilfrid Pelletier de Montréal … et on arrêtera là la liste. Les Calchakis ont enregistré des dizaines d'albums dont Le Mystère des Andes qui a obtenu le Grand prix du disque de l'Académie Charles Cros de Paris. Une reconnaissance internationale mais aussi… locale, puisque c'est à Paris que le groupe avait vu le jour dans la communauté des exilé sud-américains. L'orchestre est composé, outre les deux précités, des argentins Enrique Capuano, Pablo Urquiza et du Chilien Mario Contreras. Ils assurent un festival de sons avec les instruments extraordinaires de leur continent : la flûte en roseau précolombienne, la flûte de pan ou siku, les guitares, le charango, la mandoline locale, le bombo, tambour argentin et d'autres percussions… Ils interpréteront les grands standards du genre et sans doute des morceaux de leur dernier album Tierra Herida, un hymne à l'écologie de la planète. Leur musique, selon Hector Mirando, « fait baisser le cholestérol et monter la libido ». A les voir encore sur scène, on peut croire que la recette est efficace ! Salle Atlas, Bab El Oued. Jeudi 18 mars, à 18h 30.