Résumé de la 40e partie n Le «jardinier», lui aussi, écrit une lettre au colonel Pikeaway... Je l'ai à peine reconnue le lendemain dans son uniforme de collégienne. Il ne sera pas difficile d'entrer en relations amicales avec elle. Elle a déjà fait les premiers pas. Elle me demandait le nom de diverses fleurs d'un doux air innocent quand une Gorgone à cheveux rouges, taches de rousseur et voix de crécelle lui a sauté sur le paletot et l'a éloignée de mes parages. Elle ne voulait pas s'en aller. J'avais toujours cru comprendre que les filles d'Orient étaient éduquées à faire preuve de réserve derrière leur voile. Celle-là, me semble-t-il, doit avoir acquis une certaine expérience du monde durant sa scolarité en Suisse. La Gorgone, alias miss Springer, le professeur de sport, est revenue ensuite pour me passer un savon. Les jardiniers ne doivent pas parler aux élèves, etc. Cela a été mon tour d'exprimer une naïve surprise : «Désolé, miss. La jeune d'moiselle, elle me d'mandait comme ça c'que c'était qu'ces delphiniums-là. J'suppose qu'ils en ont pas, là-bas dans son pays.»Le courroux de la Gorgone s'est facilement apaisé et, à la fin, elle en était presque à minauder. Moins de succès avec la secrétaire de miss Bulstrode. Le style fille de la campagne en veste et jupe de tweed La professeur de français est plus coopérative. Le genre réservé et timide, mais pas si farouche que ça. J'ai également noué amitié avec trois glousseuses de charme, prénommées Pamela, Loïs et Mary, noms de famille inconnus, mais de lignage aristocratique. Un vieux cheval de retour trop malin, une certaine miss Chadwick, me tient à l'œil, et je fais donc attention à conserver un dossier sans tache. Mon patron, le vieux Briggs, est un vieillard racorni, dont le principal sujet de conversation porte sur le bon vieux temps où il était, je le soupçonne, le quatrième d'une équipe de cinq. Il râle sur la plupart des choses et des gens, mais il nourrit un vif respect pour miss Bulstrode elle-même. Moi aussi. Elle a échangé avec moi quelques mots très aimables, mais j'avais l'horrible sentiment qu'elle me perçait à jour et qu'elle savait tout de moi. Pas de signe avant-coureur, jusqu'à présent, rien de sinistre - mais l'espoir fait vivre. Dans la salle des professeurs, on échangeait des nouvelles : les voyages que l'on avait faits, les pièces auxquelles on avait assisté, les expositions que l'on avait vues. La menace d'une projection de diapositives planait. Les enthousiastes, au grand complet, auraient voulu pouvoir faire passer leurs clichés sans pour autant se trouver contraintes de contempler ceux des autres. Peu à peu, la conversation prit un tour moins personnel. On en vint au pavillon des sports, tour à tour critiqué et admiré. Tout le monde admettait que la nouvelle construction était un bâtiment superbe, mais chacune y allait de l'amélioration qu'elle aurait souhaité y voir apporter. On passa rapidement les nouvelles élèves en revue. Dans l'ensemble, on rendit un verdict favorable. (à suivre...)