Résumé de la 20e partie n Les deux derniers meurtres, commis la même nuit, à quelques minutes d'intervalle, ont provoqué la panique dans Whitechapel. Des lettres anonymes commencent à affluer dans les commissariats et les journaux. Il y a les lettres de dénonciations mais aussi des lettres «écrites» par le tueur. Il s'agit évidemment de faux, mais trois envois sont retenus, et l'on pense qu'ils ont pu être effectivement écrits par le meurtrier. Deux lettres ont été rédigées par la même personne puisqu'elles présentent la même écriture. Ce sont ces lettres qui portent la signature «Jack l'Eventreur», en anglais «Jack the Ripper», nom par lequel le meurtrier de Whitechapel va devenir célèbre. La première lettre, entièrement écrite à l'encre rouge, a été envoyée au central News Agency. Elle a été écrite le 25 septembre 1888 et s'adresse au directeur du journal, appelé «cher patron». Il se moque des policiers qui prétendent être sur sa piste et se félicitent de faire du beau travail. Et il signe par ce qu'il appelle son «nom de plume» : Jack l'Eventreur. Malgré les détails donnés, l'éditeur du journal considère la lettre comme un faux et ne la rend pas publique. Au lendemain du double meurtre, il reçoit une autre lettre, de la même écriture. «Le numéro un (c'est-à-dire la première victime) a crié, je n'ai pas eu le temps de prendre les oreilles pour les envoyer à la police. Merci de ne pas avoir rendu publique la première lettre et de m'avoir laissé reprendre mon travail !» La troisième lettre, elle, semble la plus authentique : elle était accompagnée d'un morceau de rein. On a d'abord pensé qu'il pouvait s'agir d'un organe prélevé sur un animal, mais la plupart des médecins qui l'ont examiné diront qu'il s'agit bien d'un rein humain. La lettre, qui comporte des fautes d'orthographe, est adressée à George Lusk, président du comité de vigilance de Mile End. L'auteur prétend avoir enlevé le rein à une de ses victimes, qu'il en a mangé un morceau et envoyé l'autre à son correspondant. Il ne signe pas Jack l'Eventreur mais : «Attrapez-moi quand vous pourrez monsieur Lusk». Les deux premières lettres sont sans doute des faux : l'auteur soutient qu'il enverra des oreilles de ses victimes à la police, mais il ne l'a jamais fait ; quant à l'annonce du double meurtre, présenté comme preuve, il est établi, le cachet de la poste faisant foi, que la lettre a été postée le matin, alors que tout Londres était au courant de ce qui s'était passé. La troisième lettre a plus de chance d'avoir été écrite par le meurtrier. Le docteur Brown pense que le morceau de rein appartient à Catharine Eddowse : il a remarqué, lors de son autopsie, que le rein laissé par le meurtrier était «pâle, avec une légère congestion», comme s'il avait souffert d'une inflammation. Or, le morceau de rein envoyé avec la lettre présente les caractéristiques de ce qui semble être une néphrite… Le quartier de Withechapel est en effervescence. On reproche à la police de ne pas faire son travail, aux enquêteurs de ne pas avancer… La peur s'installe. Dès la tombée de la nuit, les rues sont désertées. Et pourtant, on peut dire que depuis les meurtres, les rues de Londres n'ont jamais été aussi sûres : les rondes de police ont été renforcées et le comité de vigilance de Mile End emploie des hommes qui sillonnent les rues, toute la nuit, armés de gourdins, arrêtant et interrogeant systématiquement tous les suspects. Les femmes évitent de sortir seules. Les prostituées, les premières visées, n'osent plus sortir. Elles se réfugient dans leurs familles et celles qui n'en ont pas vont dormir dans les asiles, réservés aux pauvres. (à suivre...)