Alors que le jeune homme, vendu comme esclave, souffre en Andalousie, sa mère, à Oran, dépérit de jour en jour. «A moins d'un miracle, soupire-t-elle, je ne reverrai plus mon fils.» Un miracle : on lui parle justement de quelqu'un qui en fait, au nom de Dieu. «Sidi El- Houari est un homme pieux et plus d'une fois, il a sorti les musulmans de mauvaises passes. Va le voir, peut-être pourra-t-il faire quelque chose pour toi !» Sans hésiter, la pauvre femme va retrouver Sidi El-Houari et lui raconte son histoire. — Je crains de mourir sans revoir mon fils bien-aimé ! Et s'il ne revient pas, il est certain que je ne tarderai pas à mourir ! Sidi el-Houari réfléchit un moment, puis il montre une chienne, dans un coin de la pièce. — Tu as vu cet chienne ? dit-il. — Oui, dit la mère. — Eh bien elle vient de mettre bas et je n'ai rien à lui donner. Retourne chez toi, fais bouillir de la viande dans un chaudron et donne-la-lui. Peut-être que Dieu que je vais invoquer, lui inspirera de faire quelque chose pour ton fils ! La dame retourne chez elle, fait cuire de la viande et la rapporte. Sidi El-Houari la donne à la chienne qui la mange : aussitôt ses mamelles se gonflent de lait, elle allaite ses petits puis, elle se dresse et quitte la maison. — Va, dit le saint à la mère, retourne chez toi et aie confiance en Dieu : dans quelques jours, ton fils sera près de toi !