Résumé de la 7e partie n Grâce à l'intervention de Sidi El-Houari, le jeune homme retenu comme esclave en Espagne parvient à rentrer chez lui. Comme beaucoup de saints hommes, Sidi El-Houari, qui a eu à souffrir des mauvaises actions de ses contemporains et, dans un mouvement de colère, a lancé une imprécation contre la ville qui l'a adopté. Comme les autres saints également, il a regretté la malédiction prononcée mais celle-ci n'a pas manqué de se réaliser. La colère de sidi El-Houari aurait été, selon certains, provoquée par le spectacle de la dépravation. Il avait connu une ville vertueuse, pratiquant à la lettre les prescriptions religieuses, et voilà que le vice et la dépravation, signes de la décadence, s'installent. Un jour, il a harangué un groupe de jeunes gens et ceux-ci, au lieu de l'écouter et de faire repentance, se sont mis à se moquer de lui. «Craignez Dieu, leur dit-il, il peut punir votre arrogance en envoyant dans vos murs des étrangers qui vous domineront.» C'était, à l'époque, la pire chose qui pouvait arriver à une ville. Mais les jeunes gens ne se laissent pas impressionner par la menace. «Nous ne craignons personne, disent-ils, nous avons une puissante armée et nos murs sont suffisamment solides pour nous protéger !» Ces propos irritent fort sidi El-Houari qui s'écrie : «Vous êtes fiers de votre ville ? Eh bien, l'étranger, le chrétien, viendra l'occuper et il y restera deux siècles !» Selon une autre source, Sidi El-Houari aurait lancé cette malédiction — ne serait-ce pas plus tôt une prédiction — après qu'un groupe d'Oran ait tué un de ses fils. Le malheureux père, affligé par la mort de son fils, n'a pas pu se retenir de maudire toute une ville ! Parmi les témoins de ce fait, on cite Sidi Ali El-Asrar, un saint de la région. La malédiction (ou prédiction) s'est réalisée quelques siècles plus tard, plus exactement au début du XVIe siècle. Les Espagnols, qui venaient de reconquérir (sur les musulmans), la péninsule ibérique, lancent leur «croisade africaine». Poussés par des fanatiques religieux comme le sinistre cardinal Ximenes, ils voulaient prendre une revanche sur l'islam. Une tentative de débarquement à Oran, sur la plage des Andalouses échoue en 1501. Les Espagnols se retournent alors contre Mers-el-Kébir qui est pris en 1505. Oran tombera quatre années plus tard, le 19 mai 1509. Plus de 4 000 personnes seront massacrées, sur ordre du cardinal Ximenes, qui procédera également à la transformation en églises de deux mosquées de la ville. L'occupation durera deux siècles. Deux siècles ! Mais les Espagnols à leur tour seront chassés : un tremblement de terre, qui va détruire entièrement la ville, en 1791, les forcera à partir. D'autres chrétiens viendront, les Français, il resteront un siècle et trente-deux ans et, à leur tour, partiront. Oran appartient à ses enfants, des enfants qui honorent aujourd'hui le grand homme qu'a été Sidi El-Houari, dont le mausolée, construit à la fin du VIIIe siècle, est encore aujourd'hui très visité.