Bilan Le Chef du gouvernement donnait l?impression, hier, de défricher le terrain à un homme : Bouteflika. Hier à la résidence El-Mithak, Ahmed Ouyahia a tout passé au peigne fin. Venu chercher un satisfecit au bilan du gouvernement s?étalant sur une période de quatre ans (1999-2003), solides et convaincants chiffres à l?appui, il a dû «céder» devant l?intransigeance d?un parterre de journalistes et déterrer les brûlants dossiers de l?actualité nationale. Assiégé, pris en tenaille, Ouyahia a parlé de tout durant une conférence de presse-marathon, donnant au rendez-vous les relents d?une campagne électorale avant l?heure en maniant, du reste, parfaitement le verbe. La présidentielle, les émeutes de Ouargla, la mort tragique de Smaïl Rezigue, la montée de l?euro par rapport au dollar et ses répercussions sur l?économie nationale, Bouteflika et les zaouïas, la sixième incidence, les prêches incendiaires, Sfax, l?état d?urgence, ? le Chef du gouvernement n?en demandait pas tant, lui qui voulait, sans doute, charmer avec le chiffre affolant de 45 milliards de dollars engrangés par l'économie nationale durant quatre ans. Ainsi, les 6,8% de croissance annuelle, l?inflation à 2,6%, la création de 1 700 000 emplois, la plupart par la grâce de l?Ansej, les microentreprises pour les plus de 35 ans, les 700 000 logements en livraison ou en cours de réalisation, la cession de quelque 600 000 logements au profit de l?Opgi, les milliards d?IDE, les 1,9 milliard de dollars perdu par le Trésor public pour l?année 2003 en raison du renchérissement de l?euro sont relégués au second plan alors que l?orateur, la casquette RND laissée à la maison et remplacée par celle d?un homme en campagne pour un président, voulait en faire ses atouts majeurs pour briller en tant que redresseur d?une économie longtemps déliquescente. Arrivent alors les choses brûlantes, comme si l?économie et la kyrielle de chiffres en dinars et en dollars n?ont rien d?intéressant. Ouyahia aborde le sujet qui, aujourd?hui, est sur toutes les lèvres : la mort de Smaïl Rezigue, tué, mercredi par un gendarme à la décharge d?Oued Smar. «Les informations en ma possession font état d?une mort accidentelle, mais laissons l?enquête suivre son cours. Le gendarme incriminé est en prison et sera jugé par un tribunal civil. Quant au deuxième, je rappelle qu?il n?est pas mort. Nous l?avons transféré dans un hôpital parisien et je tiens à déplorer les agissements des élus de l?APC d?El-Harrach qui voulaient allumer le feu en faisant propager une fausse rumeur», s?est insurgé le Chef du gouvernement. Sur le même ton, il déplore les émeutes de Ouargla causées, selon lui, par «ceux qui ramènent la main-d??uvre du Nord, des négriers des temps modernes, en lésant les jeunes dés?uvrés du Sud». «Qu?à cela ne tienne, la revendication de ces jeunes est tout à fait légitime, mais il faudrait tout de même se rendre à l?évidence que le fait de brûler des édifices publics est une catastrophe et pour l?Etat et pour la population de la région», ajoute Ouyahia sans omettre d?évoquer «la manipulation». Manipulation est aussi le terme choisi par le Chef du gouvernement pour revenir sur les tristes événements de Sfax. «Un homme politique s?est comporté d?une manière irresponsable et répréhensible en envoyant une lettre au président tunisien au lendemain des incidents.» Facile à deviner. L?homme politique en question est Mokdad Sifi. Au sujet du dialogue gouvernement-ârchs, le conférencier dira que tous les points seront appliqués y compris la sixième incidence qui n?est autre que la révocation des «indus élus» avant d?enchaîner sur l?histoire des prêches du vendredi au cours desquels une certaine presse algérienne a été descendue en flammes. «J?aurais bien aimé voir l?affaire atterrir entre les mains des juges et non pas traitée dans les minbars, mais ce qui s?est passé avec la publication d?une caricature outrancière demeure un grave précédent. On ne peut, en aucun cas, jouer avec la foi du peuple algérien.» Abordant finalement le dossier de la présidentielle et ses corollaires, Ouyahia donne le la avec la décision du maintien de Yazid Zerhouni à son poste de ministre de l?Intérieur au nez et à la barbe du groupe des «dix», dont les personnalités sont qualifiées par l?intervenant de «sympathiques». Enfin, concernant l?état d?urgence, il fait rappeler à l?assistance que «le terrorisme tue encore aujourd?hui en Algérie».