Le chef du gouvernement va rompre aujourd'hui le silence. Dans une conférence de presse qui se tient à Djenane El Mithak, le premier responsable de l'Exécutif gouvernemental aura à coeur d'aborder les nombreuses questions qui ont agité, des semaines durant, la scène politico-médiatique nationale, notamment sur les sujets qui fâchent, comme l'Alliance présidentielle et ses pavés dans la mare ou l'augmentation des salaires, pour ne considérer que ces deux points. Le jour même de la célébration du 50e anniversaire de l'Ugta, le président Abdelaziz Bouteflika responsabilisait la tripartite quant aux négociations sur la question des salaires, tout en adressant un satisfecit remarquable et remarqué au chef du gouvernement, pour son sérieux et sa détermination dans la prise en charge des paramètres strictement économiques, à travers lesquels doit être abordée la problématique. Un temps désarçonnés, la Centrale syndicale et les deux partis de l'Alliance, FLN et MSP, qui lui ont apporté un soutien calculé, ont vite fait d'anticiper, affirmant que cette invite était un signe fort à l'adresse du gouvernement pour desserrer les cordons de la bourse, dans les limites des moyens disponibles. Mieux encore, Sidi Saïd et son état-major se sont montrés d'autant plus confiants que Ahmed Ouyahia lui-même, au siège de l'Ugta, déclarait que «le président de la République a tracé une feuille de route et exhorté les partenaires socio-économiques à de sérieuses négociations pour conclure un pacte social», ajoutant au passage, qu'il «n'a jamais fermé l'augmentation des salaires» pourvu que celle-ci s'inscrive dans «l'incontournable nécessité de préservation des équilibres macroéconomiques». Le chef du gouvernement aura probablement à coeur de réitérer, lors de la conférence de presse d'aujourd'hui, la position, certes inconfortable mais ô combien motivante, qui est la sienne, arguant de sa disponibilité mais brandissant, en même temps, les paramètres statistiques d'une économie tributaire de la seule richesse des hydrocarbures et donc sujette à hypothèque, quant au destin des générations futures. Sur le thème de l'Alliance, on sait que la position d'Ahmed Ouyahia est plutôt inconfortable dans la mesure où il ne cesse d'essuyer les rafales de critiques de ses pairs en leur opposant un silence qui ressemble, par bien des aspects, à une fin de non-recevoir. Ses positions quant à la révision de la Constitution sont connues et, pour le reste, il s'obstine à nier toute divergence entre son parti, le RND, le FLN et le MSP qui, ces derniers mois, n'ont pas arrêté de mettre le doigt sur les lacunes supposées de la structure de soutien à l'action présidentielle. En homme qui n'en pense pas moins, Ahmed Ouyahia arbore, sous son emblématique sourire, un air de gondolier qui rame à contre-courant de l'enthousiasme général et n'a cure des cris d'indignation de tous ceux qui récusent son cavalier seul, convaincu du bien-fondé de sa course droite à travers le champ socio-économique. Restent les nombreux autres sujets qui ne prêtent guère à controverse et sur lesquels il se montrera autant à l'aise qu'intarissable : le prochain Sommet arabe de Khartoum, la mise en oeuvre des dispositions de la charte portant réconciliation nationale, les privatisations, la réforme bancaire et bien d'autres thèmes récurrents qui intéressent, directement et indirectement, la scène nationale. Sur toutes ces interrogations, Ahmed Ouyahia aura son mot à dire et, seule la question probable sur la date de reprise du dialogue avec les archs pourrait, peut-être, mais dans une moindre mesure, le plonger dans un état de perplexité qu'on ne lui connaît qu'en de rares occasions.