Image n Aucun visiteur de la commune de Hammadi ne peut éviter la vue sordide offerte par la cité bidonville de oued El-Hamiz. Un «mégagourbi», situé en bas de la route, attire le regard des passants par-dessus le pont de l'oued. Ici, cohabitent quelque 250 familles dans une promiscuité que le meilleur des architectes n'aurait jamais imaginée. Faute d'une stratégie de lutte contre l'habitat précaire et en raison de la «bidonvillisation» effrénée de la commune, des baraques poussent comme des champignons, notamment sur les deux rives de l'oued El-Hamiz. Baraques de tôles dont la majorité ramassées de la décharge publique. En guise de toiture, ces plaques de tôle ou en bois sont recouvertes de bâches pour assurer l'imperméabilité. Les plus fortunés des occupants ont pu ériger des constructions avec des parpaings et des toitures en tôle neuve et imperméable. Le tout forme un vrai labyrinthe. Les habitants de ces bidonvilles nous ont signalé que leur «haouch» est dépourvu du minimum vital : ni eau, ni conduite d'évacuation des eaux usées et encore moins d'électricité. Les seuls ménages qui en disposent sont alimentés par les voisins de la cité d'à-côté ou alors se sont branchés aux lignes électriques qui alimentent l'éclairage public. Un père de famille, environ la cinquantaine, deux jerricans à la main, avance vers nous, essoufflé et le pas alourdi par la charge dont il s'empresse de se décharger : «salam aâlikoum, vous cherchez quelqu'un ?», nous lance-t-il avant de nous informer qu'il s'est déplacé jusqu'à la nouvelle cité distante d'environ 500 m pour s'approvisionner en eau potable. «Regardez, tout saute aux yeux, c'est la misère que nous vivons au quotidien», nous fait-il observer. Une misère que n'arrivent pas à accepter les occupants de ces gourbis d'autant plus qu'à quelques mètres de là, de l'autre côté de la chaussée qui mène au centre-ville de la commune, 65 chalets inoccupés qui ont servi au recasement des sinistrés, sont abandonnés. Il est vrai qu'ils sont dans un état lamentable, vu les pillages et les actes de sabotage qu'ils ont subis. A leurs yeux, les autorités auraient pu garder en état ces chalets pour recaser quelques-unes des familles de la «cité bidonville.»