Parqués dans des baraques en parpaing et en zinc, érigées dangereusement sur le lit de l'oued El Hamiz, près de 8000 familles installées illicitement dans cet endroit guère approprié pour la construction risquent à tout moment de subir les affres des inondations. Le constat sur le lieu où est implanté ce bidonville, qui s'étend à perte de vue, est plus qu'alarmant car il n'y a aucune protection prévue pour ces habitants, encore moins pour ceux du Hamiz, contre d'éventuelles crues de l'oued. Mis à part un mur en béton réalisé par l'APC de Rouïba côté sud de l'oued pour protéger un îlot d'immeubles, rien n'a été fait pour les autres habitations de la ville. En somme, il n'existe pas de plan Orsec pour cette localité qui présente pourtant un risque d'inondation avéré. A la question de savoir pourquoi les pouvoirs publics tolèrent l'existence d'un pareil bidonville, le président de l'APC de Dar El Beïda, M. Gamgani, dira : « ce bidonville a été créé durant la décennie noire, les citoyens, fuyant alors l'intérieur du pays s'y sont installés », en ajoutant : « A cette période, la conjoncture n'était pas tout à fait favorable pour contenir le phénomène. » Entre temps, toute une population risque de subir des inondations si rien n'est fait dans le sens de la prévention. Bien que trois communes se partagent l'oued El Hamiz, à savoir Dar El Beïda, Bordj El Kiffan et Rouiba, la plus grande partie du bidonville est située sur le territoire de Dar El Beïda, qui, faut-il le dire, n'a aucunement les moyens pour une prise en charge durable et effective de ce problème, qui relèverait plutôt d'un projet sectoriel, nous précise-t-on. Toutefois avec la perspective de contenir l'extension effrénée du bidonville, les autorités locales ont mis en place une cellule de proximité qui travaille en étroite collaboration avec le comité de quartier et le mouvement associatif. Celle-ci est chargée de surveiller les extensions qui s'opèrent sur le site par la construction de nouvelles baraques. A ce propos, le président d'APC dira : « nous veillons constamment à ce qu'il n y ait pas de nouvelles baraques, nous procédons même à la démolition périodique de celles qui viennent se greffer au site. » Par ailleurs, les services de l'APC ont délégué une brigade d'urbanisme qui sillonne le quartier et veille au respect de ces mesures. En outre, « des réunions sont programmées avec les représentants de quartier, la brigade de l'urbanisme et les services de sécurité pour coordonner nos actions », soutient M. Gamgani. L'oued El Hamiz, devenu un réceptacle pour toutes sortes de détritus, a été pendant longtemps abandonné par les pouvoirs publics. Un spécialiste dans le domaine de l'hydraulique, Fechekeur Mohamed, nous dira : « la prise en charge des problèmes que peut engendrer l'oued, notamment les crues, se fait généralement en amont, puisqu'il s'agit de prévention et cela par la réalisation de digues et la confection de gabion. » Et d'ajouter : « il existait par le passé au niveau des APC une police des cours d'eaux qui avait à sa charge la mission de surveiller les oueds et les rivières contre toutes formes d'agression, notamment l'occupation illicite des berges. Celle-ci a été supprimée de l'organigramme des collectivités locales, ainsi qu'un département qui avait pour mission la planification. » En plus de l'incontestable risque d'inondations, le bidonville, qui donne l'image des favelas brésiliennes, est un endroit invivable surtout pour les enfants, un fait qui devrait interpeller les pouvoirs publics quant à la nécessité de prendre les mesures qui s'imposent.