Résumé de la 2e partie n Le jeune homme, après avoir accepté la proposition de la princesse, se retire dans la forêt pour composer son conte... Au bord de la Baltique, sous les hêtres danois.... — Quel charmant début ! interrompirent les assiettes. Nous sentons que nous aimerons cette histoire! — Oui, j'ai passé là ma jeunesse dans une paisible famille. Les meubles étaient cirés, les parquets lavés, les rideaux changés tous les quinze jours. — Comme vous racontez d'une manière intéressante ! dit le balai à poussière. On se rend compte tout de suite que c'est une femme qui parle ; il y a quelque chose de si propre dans votre récit. — Oui, ça se sent bon, dit le seau d'eau. Et, de plaisir, il fit un petit bond et l'on entendit «platch» sur le parquet. Le pot de terre continua son récit dont la fin était aussi bonne que le commencement. Les assiettes s'entrechoquaient d'admiration, et le balai prit un peu de persil et en couronna le pot parce qu'il savait que cela vexerait les autres, et aussi parce qu'il pensait : «Si je le couronne aujourd'hui, il me couronnera demain.» — Maintenant, je vais danser pour vous, dit la pincette. Et elle dansa. Grand Dieu ! comme elle savait lancer la jambe ! La vieille garniture de chaise, dans le coin, craqua d'intérêt devant ce spectacle. — Est-ce que je serai couronnée ? demanda la pincette. Et elle le fut. — Comme elle est vulgaire, pensèrent les allumettes. C'était au tour de la bouilloire à thé de chanter, mais elle prétendait avoir un rhume et ne pouvoir chanter qu'au moment de bouillir. Ce n'était qu'une poseuse qui ne voulait se produire que sur la table des maîtres. Sur la fenêtre, il y avait une vieille plume dont la servante se servait pour écrire. Elle n'avait rien de remarquable sinon qu'elle avait été plongée trop profondément dans l'encrier, ce dont elle tirait grande vanité. — Si la bouilloire à thé ne veut pas chanter, dit-elle, elle n'a qu'à s'abstenir. Il y a là dehors, dans une cage, un rossignol. Lui sait chanter quoiqu'il n'ait jamais appris. Il nous suffira pour ce soir. — Je trouve fort inconvenant, dit la bouilloire qui était la cantatrice de la cuisine, qu'un oiseau étranger se produise ici. Est-ce patriotique ? J'en fais juge le panier à provisions. — Je suis vexé, dit le panier à provisions, plus que vous ne le pensez peut-être ! Est-ce une manière convenable de passer la soirée ? Ne vaudrait-il pas mieux réformer toute la maison, mettre chacun à sa place ? Je dirigerais le mouvement. Ce serait autre chose. — Oui, faisons du chahut ! s'écrièrent-ils tous. A cet instant, la porte s'ouvrit, la servante entra. Tous devinrent muets. Personne ne broncha, mais il n'y avait pas un seul petit pot qui ne fût conscient de ses possibilités et de sa distinction. (à suivre...)