Débats Une rencontre autour du thème «Regards croisés sur la bande dessinée algérienne» a eu lieu au Salon du livre. Ont animé la rencontre quelques bédéistes, tels Slim, le père de Bouzid et de Zina, Mahfoudh Aïder, un autre aventurier de la bande dessinée algérienne, un compagnon de Slim, le fondateur du journal satirique El Menchar et d?autres dessinateurs comme Ahmed Haroun, pionnier du dessin de presse, et Mohamed Bouslah. S?est ajouté à cet aréopage d?artistes, un autre invité, un dessinateur français, Jacques Ferrandez, venu présenter sa dernière création, dont toute l?histoire se déroule en Algérie. «Si je situe l?action de mon histoire en Algérie, c?est parce que je suis un enfant de ce pays», explique-t-il à l?assistance nombreuse. Les intervenants ont soulevé la question de la bande dessinée en Algérie, à savoir pourquoi l?Algérie, qui était pionnière de la bande dessinée il y a de cela plus de dix ans, n?a pu développer, au lendemain des événements d?octobre, le 9e art, et le hisser à son plus haut degré d?expressivité. Lazhari Labter, modérateur de la rencontre, dit : «L?Algérie exportait son talent et son savoir-faire à l?étranger, notamment dans les pays arabes, tels la Tunisie et le Koweït. L?expérience algérienne dans ce genre artistique n?a pas d?équivalent dans les pays voisins. L?Algérie était considérée comme la Belgique du monde arabe.» D?emblée, nous pouvons dire que la bande dessinée n?existe plus chez nous. La raison est d?abord liée au fait que le pays a traversé de dures épreuves lors de la décennie noire. Ensuite, il n?y a pas une culture qui favorise l?émergence et l?essor, le maintien et l?engouement du 9e art. En outre, le problème se pose, faut-il le souligner, au niveau de l?édition. Aujourd?hui, aucune maison d?édition ne peut prendre le risque de s?engager dans ce créneau, compte tenu des coûteux frais de réalisation. A l?époque, la seule maison d?édition qui prenait en charge la bande dessinée était la Sned. A la dissolution de celle-ci, la bande dessinée n?a pas survécu. Elle a disparu et a aussitôt été remplacée par le dessin de presse, sachant qu?avec l?avènement des années 1990, il y a eu une liberté d?expression jamais vue en Algérie. Cette situation a poussé les dessinateurs à se convertir dans le dessin de presse. Elle a favorisé le dessin satirique qu?on appelle caricature. Mohamed Bouslah, bédéiste, qui a contribué dans la revue Mkidèche, en est l?exemple vivant. «La bande dessinée a été supplantée par le dessin de presse, voire la caricature», dit Ahmed Haroun. Et d?ajouter : «Au lendemain des événements d?octobre, il y a eu une prolifération de dessins de presse. »