Résumé de la 5e partie William, gravement malade, est recueilli et ramené aux USA. Un an plus tard, il repart. Premier juin 1968. Des photographes et des journalistes se pressent sur un quai de New York pour assister à son cinquième appareillage. A soixante-quinze ans, il paraît toujours athlétique, mais ses cheveux sont longs et blancs, il ne rase plus sa moustache et sa barbe. La clarté de son sourire est celle d?un visionnaire. Teddy n?est pas présente. Elle ne peut plus supporter les adieux publics. Dans le petit appartement du 12 East 72nd Street, elle va recommencer l?attente interminable? Pour la cinquième fois. 18 septembre 1968. Un chalutier russe bourlingue lentement sur le 55e parallèle Nord, à quatre cents milles à l?Ouest de la côte irlandaise. A 9 h 15, l?homme de quart annonce : «Barque pontée droit devant !» Ce petit bateau, vraiment petit, a une drôle d?allure. Ou plutôt pas d?allure du tout. Il dérive sans mât ni voile, et une partie de son gréement pend à bâbord. Une demi-heure plus tard, deux marins se hissent à bord de l?épave. Personne. Le mât brisé a été emporté, le cockpit est au tiers rempli d?eau : on comprend que cet esquif a été giflé, secoué, boxé par une tempête. Son nom est à l?arrière : «Little one». Conformément aux règlements maritimes, les deux marins examinent tout à bord, méthodiquement. Le journal de bord, un peu détrempé, est néanmoins lisible. La dernière indication nautique date du 20 juillet, deux mois déjà. Elle ne concerne que la latitude, pas la longitude ; la montre du navigateur devait être arrêtée ou brisée. Autre mention portée à la même date sur le journal de bord : «Mon bateau a rencontré une violente tempête. J?ai perdu la plupart de mes provisions. Je manque de nourriture et de signaux-fusées». Objets trouvés dans un tiroir : un appareil photo, des jumelles. Le sextant a disparu. Dans le même tiroir, un cahier portant des notes vraisemblablement destinées à un article ou à un livre avec cette phrase de conclusion : «La mer est le royaume de l?homme brave». Sous le cahier, un passeport américain au nom de William Willis. Le capitaine fait hisser à son bord la petite épave, puis, par acquit de conscience, explore un peu les parages pour voir s?il ne trouve pas d?autres objets ou un corps. Un peu plus tard, deux fonctionnaires se présentent au 12 de la 72e Rue de New York. Avec beaucoup de précautions, ils commencent par dire à Mme William Willis qu?on a retrouvé dans l?Atlantique l?épave d?un petit bateau. Le premier homme montre le passeport de William Willis. Le second se décide à tirer de sa poche un papier froissé portant l?écriture de Bill. Un message non daté que «l?homme fou de la mer» avait eu l?intention de faire passer au premier navire rencontré. En voici le texte : «Dès votre arrivée au port le plus proche, soyez assez bon pour envoyer de mes nouvelles à ma femme. Donnez-lui ma position à la date de notre rencontre et assurez-la que je suis heureux et en excellente santé». Teddy a compris? Il est resté avec «l?autre».