Résumé de la 1re partie Un paquebot italien avance dans la brume, au large de la côte nord-est des USA ; à son bord, une petite fille de 3 ans dort dans une cabine. On ne saura jamais la vérité sur ce point. Quoi qu'il en soit, les deux radios qui échangent des banalités ne parlent pas du tout de cette anomalie. Tout simplement parce que chacun des capitaines, dans la brume, fait confiance à son propre radar, ce qui est assez normal. Voilà donc deux gros navires qui se voient mutuellement au radar, qui se parlent par radio et qui se ruent l'un vers l'autre, face à face. En additionnant les passagers et les marins des deux paquebots, cela donne deux mille trois cent soixante-quinze personnes, mille sept cent neuf d'un côté, six cent soixante-six de l'autre, qui foncent les unes vers les autres. A la vitesse additionnée de 58 n?uds, c'est-à-dire 107 kilomètres à l'heure, en pleine mer. A bord des deux navires, beaucoup de gens sont en train de danser. De chaque côté, il y a un orchestre. D'autres passagers sont déjà en train de dormir, comme la petite fille, à bord du paquebot italien, dans la cabine 54. Car il est 23 heures et, à cette heure-là, quand on a trois ans et demi, on doit dormir depuis au moins deux heures. Quant à sa maman, sur la couchette du dessous, il faut supposer qu'elle dort, elle aussi. A moins qu'elle ne lise, avec une veilleuse. On ne saura jamais. Elle est seule dans cette cabine, avec sa petite fille, car le père est à New York et il viendra demain matin les attendre sur le quai. Il est maintenant 23h 7. Les deux grands navires sont à 2 milles l'un de l'autre, c'est-à-dire un peu moins de 4 kilomètres. A la vitesse relative où ils foncent l'un vers l'autre, 107 kilomètres/heure, il reste deux minutes avant la rencontre. La petite fille sur le paquebot italien dort toujours profondément. Très profondément, comme il arrive aux enfants de cet âge, surtout quand l'air de la mer les a fatigués et qu'ils ont joué toute la journée. Le commandant italien, tout d'un coup, sursaute ; il ne comprend plus rien ! Sur l'écran radar, le navire suédois se présente toujours sur la gauche ! Or voilà que dans la brume il aperçoit les lueurs diffuses d'un navire qui arrive sur la droite ! C'est une histoire de fou ! Et non seulement le navire arrive sur la droite, mais il arrive sur eux ! C'est en tout cas ce que le commandant italien dira plus tard. C'est ainsi qu'il explique pourquoi il fait appuyer son navire vers la gauche, pour s'écarter du suédois ! (à suivre...)