Résumé de la 4e partie Des requins viennent rôder autour du radeau. Le 70e jour, William est tombé à l?eau et a failli perdre son radeau. Ses yeux, épuisés par le sel, le soleil et le manque de sommeil, n?ont pas résisté à la fatigue des observations au sextant. Des années plus tôt, il a eu des ennuis avec sa vue, à bord d?un cargo, à la suite d?une explosion. Rentré à New York, il a entendu le pronostic du médecin : «Cécité totale possible»? Or, il a guéri en quelques semaines. A bord du «Sept Petites S?urs» il pense qu?il guérira aussi. Quelques jours dans l?obscurité suffiront à le remettre d?aplomb. Sa cécité ne l?inquiète pas, car il sait que la mer est libre devant lui. Même aveugle, il finira bien par aborder sur une plage? Optimisme ou folie, cette confiance dans la nature et dans la mer ? Peut-être, mais William recouvre, en effet, la vue le 8 octobre. Et le 11 octobre, l?archipel des Samoas émerge de l?horizon. Il est allé plus vite et plus loin que le «Kon-Tiki»? Et, seul. Alors, le solitaire émet le seul message que la terre ait reçu : «Radeau 7 h Tas A 25 milles de Tau. Demande assistance pour aborder. Stop. Tout va bien à bord. signé Willis». Quelques jours plus tard, en avion vers New York, Teddy sanglote en serrant William dans ses bras. Mais Teddy n?a pas définitivement gagné. L?aventure de William ne s?arrête pas ici. On peut presque dire que c?est ici qu?elle devient extraordinaire. Pendant quelque temps William Willis est célèbre, photographié, interviewé, invité? Mais, c?est un feu de paille. Car, pour rester sur le devant de la scène, il faut le vouloir. Il publie un livre, remarquable par sa qualité littéraire, mais ce n?est pas un best-seller, car on n?obtient que ce que l?on désire vraiment. Et comme il ne désire que la mer, Teddy, sa femme, sait qu?il repartira seul ; et qu?une nouvelle fois, elle souffrira. En effet, en 1963, il traverse une seconde fois le Pacifique, en solitaire à bord d?un radeau. Il a soixante-dix ans et le radeau s?appelle «Age Unlimited» : Sans limite d?âge. Pour seule compagnie, il a deux petits chats. On ne parlera guère de cet exploit, car il s?agit pour William en quelque sorte d?une aventure intérieure, d?une aventure secrète, une fugue passionnée avec «l?autre». Cette liaison sans fin avec la mer sacrifie, une fois de plus, Teddy. Elle ne s?est jamais plainte, elle accepte, toujours avec une sourire héroïque, cet extravagant ménage à trois? Et, elle sait qu?il repartira. En 1966, Willis a soixante-treize ans. Il décide qu?il est maintenant trop âgé pour traverser un océan en solitaire à bord d?un radeau. Et lorsqu?il part, toujours seul, pour traverser l?Atlantique d?Ouest en Est, c?est à bord d?un bateau : minuscule, à peine plus de quatre mètres, mais un vrai bateau ponté, gréé de telle sorte qu?un homme seul puisse tout man?uvrer du cockpit. Or, les dieux trouvent qu?ils ont assez fermé les yeux sur la folle passion de William et de la mer, et ils infligent un avertissement : après soixante jours, William, gravement malade, est recueilli et ramené aux Etats-Unis. Un an plus tard, il repart. Toujours à bord de la même coquille de noix, baptisée «Little one». Traduction approximative ; le tout petit. Il réussit les deux tiers de la traversée, lorsqu?un bateau de pêche le recueille, cette fois à demi-inconscient. Mais il trouve encore assez de force pour protester contre son sauvetage : «Laissez-moi, je puis continuer». (à suivre...)