Abus n Il sort de la pièce, tandis que la jeune femme, encore sous le coup de l'admiration, regarde autour d'elle. En ce début d'année 1915, la France, comme la plupart des nations européennes, est en guerre. Beaucoup d'hommes ont été mobilisés mais Jean-Désiré Landru, lui, n'est pas au front. Au contraire, il est en compagnie galante avec une jeune femme qui est justement la veuve d'un soldat… Il s'est présenté comme un riche négociant et a invité la femme, Jeanne-Marie Cruchet, à visiter sa villa, située dans la banlieue parisienne. Jeanne-Marie est vraiment satisfaite : l'homme qu'elle a rencontré par une annonce matrimoniale, est un homme très riche. La villa où il l'a conduite regorge de meubles précieux, de toiles… Elle n'est pas pauvre, non plus, avec un compte en banque rondelet, mais depuis la mort de son mari, elle se sent abandonnée. C'est Dieu qui a mis sur sa route Désiré Landru, un riche négociant. Il n'est pas très beau mais il est si gentil et si généreux. Au train où va leur relation, il n'est pas impossible qu'il l'épouse. Elle retourne dans la villa. Landru devient plus intime et la jeune femme ne doute pas un moment qu'il ne va pas tarder à l'épouser. Mais elle a un secret et elle voudrait le révéler à son prétendant. Elle a un fils, âgé de dix-sept ans. Landru n'est pas enthousiasmé mais il se déride quand il apprend qu'il travaille et qu'il ne gênera pas sa mère. «Nous l'inviterons à venir prendre le thé avec nous… Et puis, je pourrai lui trouver un meilleur travail !» Pour cette veuve, c'est une véritable aubaine ! Non seulement Landru va l'épouser mais il va aussi s'occuper de son fils ! Or, Landru a d'autres projets… Il veut agrandir la maison et il a un besoin d'argent. Jeanne lui dit aussitôt : — Je mets tout ce que je possède à ta disposition ! — Ce ne sera qu'un prêt, avertit Landru. — Qu'importe puisque nous allons vivre ensemble ! Elle lui remet tout son argent et Landru passe alors à la seconde phase de son projet. Bien entendu, la maison ne lui appartient pas puisqu'il l'a juste louée. Ce n'est pas un négociant et l'argent qu'il demande n'est pas destiné à des aménagements. Il veut juste escroquer la femme. Mais Landru n'est pas un simple escroc qui dispraît une fois son but atteint. c'est un criminel qui préfère ne pas laisser de témoin. Après avoir fait main basse sur le compte en banque de la malheureuse Jeanne-Marie, Landru l'invite, ainsi que son fils, André, chez lui. Il commence par tuer la mère... puis, le fils. Comme il ne peut évacuer les cadavres, il entreprend de les découper en morceaux. Puis, patiemment, pendant plusieurs jours, il les brûle dans la cuisinière. Bien que la maison soit isolée, les voisins les plus proches sentent les odeurs pestilentielles qui s'échappent de la cheminée de Landru. Mais personne ne semble en être gêné, personne ne songe à porter plainte. Landru, lui, se rend dans le petit appartement parisien où vivent sa femme et ses enfants. Il ramène de l'argent et des cadeaux pour les enfants et sa femme, Catherine. Il offre à celle-ci une montre en or. La jeune femme ne fait pas attention aux initiales figurant sur le bracelet : J. M. C. la montre appartenait à Jeanne-Marie Cruchet, que Landru vient d'assassiner… A suivre K. Noubi